Reversible man #1
Où l’on éviscère les barrières de la bienséance. Où l’horreur, l’action et le suspense se mêlent dans un thriller maculé de chair et d’hémoglobine. À ne pas lire après le repas ! Car Reversible man s’ouvre sur une découverte putride : celle d’un cadavre retourné, comme le serait une chemise. Épidémie, trafic d’organes ? La vérité est bien moins rationnelle et la jeune Runa en détient une partie. Le corps bandé, elle est une «retournée» ratée, qui écume les bas-fonds tokyoïtes à la recherche du meurtrier de sa sœur. Débute alors une enquête aussi intense que grand-guignolesque, atteignant des sommets d’atrocité et de furie outrancière (sexes arrachés et autres fusils d’assaut sortis d’un ventre béant !), tel un Ichi the Killer greffé d’une dimension fantastique. Et nous voilà pris au piège. Car par-delà l’exutoire morbide, certes peu subtil, et sans prétendre réinventer le scalpel, Reversible man est un récit captivant où les intrigues s’imbriquent, se répondent, sautant du passé au présent et d’un point de vue à l’autre. Quitte à mélanger les mondes : Nakatani D. est autant porté sur le mythe du yakuza chevaleresque qu’il travaille au corps les problèmes de société, avec ses marginaux et ses vues cachées des angoisses de notre temps.
Attraction et répulsion : c’est le goût mélangé de ce premier tome – auto-conclusif, avec trois livres annoncés – aux atours efficaces, qui à défaut d’une personnalité graphique vraiment affirmée, est illustré avec force détails et une ardente mise en scène. Et puis, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’impression de tenir un film de Takashi Miike entre les mains !
© Nakatani D. 2011
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