Pour des raisons qui leur appartiennent, les militaires en devenir de Rising Sun n’ont nulle part d’autre où aller. Dans le cas du jeune Kaï, qui n’a pas d’attache ni de but, il s’agit d’échapper à la vie morose qui l’attend au sortir de ses études, lui qui éprouve un véritable mal-être dans cette société rangée et aseptisée. L’armée est son horizon, son échappatoire. Mais par bien des aspects, s’enrôler dans les forces terrestres d’autodéfense japonaises ressemble à un emprisonnement volontaire : au camp d’entraînement, l’autorité frise l’abus de pouvoir et les aspirants soldats ne ressortent pas indemnes, que ce soit physiquement ou psychologiquement.

À vrai dire, entre glorification des valeurs de l’armée et mise en garde contre ses effets pervers, il est difficile de déterminer où se situe l’opinion de l’auteur – un ancien militaire, dont nous ignorons s’il a quitté ses fonctions dans de bonnes circonstances ou pas. Mais au-delà du discours ambivalent sur les forces d’autodéfense, c’est l’humain qui est au cœur de Rising Sun. L’armée, au fond, n’est que l’instrument d’une quête personnelle, comme le coup de fouet que nécessitent les recrues pour s’affirmer en tant qu’individus entiers, responsables et solidaires. Grâce à ses élans positifs et ses planches galvanisantes, au dessin énergique, le manga de Satoshi Fujiwara nous électrise alors suffisamment pour passer outre ses personnages clichés, son trait d’une précision variable et autres petites maladresses – l’évolution de l’instructeur, notamment, laisse circonspect. Si nous ne sommes pas près d’enfiler le treillis, la mission d’offrir un divertissement pêchu est donc, jusqu’à présent, bien accomplie.

© Satoshi Fujiwara 2012 / Futabasha Publishers Ltd.