Rituels
Des voisins « peu nombreux, mais épatants ». Voilà ce que récoltent Lorenzo et Manuel quand ils signent le bail de leur colocation à Barcelone. Surtout, l’appartement du dessous est terriblement calme : il sert d’entrepôt à un antiquaire. Au fil des semaines, Lorenzo fait une fixation dessus, se persuade que quelque chose n’y tourne pas rond, puisque personne n’y vient jamais. Il décide d’y entrer par effraction, et même de filmer ce qu’il y trouvera, pour étayer le projet vidéo qu’il mène dans le cadre de ses études artistiques…
Rituels est un album choral, une succession de scènes (très) intrigantes, d’abord un peu déroutantes. Lorenzo et son colocataire reviennent régulièrement au fil des pages, qui sont aussi peuplées d’un homme qui fond (littéralement), d’un jeune Espagnol qui rêve d’écrire un polar nordique à succès — et connaîtra un sort funeste en Suède —, d’une préceptrice très attirée par son employeur, d’un auteur de BD sur les traces du Caravage, d’un restaurateur de tableaux instrumentalisé par Hitler… Les époques et destins se télescopent, mais tous sont reliés par une mystérieuse statuette, celle d’une espèce de divinité extraterrestre au sexe proéminent. Avec malice et astuce, Alvaro Ortiz pique son lecteur qui, rapidement, ne peut lâcher cette succession de drames. Son trait rond et simple, aux couleurs presque tendres, se saisit d’une horrible fatalité qui se répète. Et la rend captivante.
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