Robert Moses – Le Maître caché de New-York
Le pont Verrazano, l’autoroute Cross-Bronx, sept-cents terrains de jeu et plus de logements encore, des jardins, des parkways paysagers… Derrière ces aménagements new-yorkais, l’ombre d’un bâtisseur-urbaniste nourri de grands idéaux, Robert Moses, qui a régné pendant 50 ans sur la Grande Pomme, entre 1920 et 1970. L’œuvre et les ambiguïtés du Haussmann américain…
Le scénariste Pierre Christin (Valérian), passionné d’architecture, voulait écrire sur New-York, sa seconde ville de cœur après Paris. Via le méconnu et controversé Robert Moses, urbaniste-aménageur à la personnalité fuyante, à l’origine d’une partie du visage de Big Apple. On y apprend beaucoup sur le passé de la ville et ses modes de gestion à travers le parcours du « maître caché », élitiste et démocrate, fin stratège à l’heure d’imposer ses idées. Évitant l’écueil du didactisme lourd ou du récit carte postale, la BD capte aisément l’attention pour peu que le sujet intéresse, sans réussir néanmoins à captiver. Car le scénario et la narration, malgré des passages bien sentis, manquent de ressorts ou de dramaturgie. Moses, lui, est mystérieux mais peu incarné tandis que « l’intrigue » ne décolle vraiment qu’à vingt pages de la fin avec l’épisode Jane Jacobs, pourfendeuse d’un urbanisme autoritaire.
Et si l’élégant dessin d’Olivier Balez (Le chanteur sans nom, J’aurai ta peau Dominique A) dégage beaucoup de charme avec ses teintes douces et chaleureuses, le manque d’audace dans les cadrages et les perspectives déçoit lui aussi un peu. L’album se lit toutefois sans déplaisir car le thème est suffisamment original pour intéresser, mais le résultat, trop sage, ne suscite finalement qu’un enthousiasme modéré.
Publiez un commentaire