Rocambole ***
Par Federico Bertolucci et Frédéric Brrémaud, d’après Ponson du Terrail. Delcourt, 9,95 €, le 4 novembre 2009.
Voici un vrai beau héros de feuilleton, qui a toute sa place dans une bande dessinée contemporaine: Rocambole, voleur, manipulateur et maître-chanteur dans un XIXe siècle plein de comtesses à héritage, de ducs sûrs de leur fortune, et de malfrats de bas étage… Le héros dépravé de Ponson du Terrail est ainsi une véritable ordure prêt à tuer père et mère pour assouvir son goût du luxe. Vil, concupiscent et méchant, Rocambole a pourtant un tel panache qu’il apparaît plutôt sympathique… sauf à ceux qu’il détrousse sans scrupules !
Pour adapter l’oeuvre maîtresse de Ponson du Terrail, le scénariste Frédéric Brrémaud a pris loupe et ciseaux: parmi les près de 1500 épisodes des aventures de Rocambole, il en a tiré les plus trépidants et marquants, laissant par la force des choses et du format (48 pages) des trous béants dans l’intrigue. Le passé de certains personnages ainsi que leurs relations sont évoquées, mais jamais détaillées, ce qui laissera le lecteur non familier de l’oeuvre littéraire un brin fustré. Mais qu’importe, grâce à un découpage ultra-efficace, on se passionne pour cette épopée immorale et pour la fourberie du personnage titre que rien n’arrête. Le dessin de l’Italien Federico Bertolucci, d’une extrême vivacité et au crayonné apparent, est du même calibre. Comme dans un dessin animé, ses trognes se déforment à la limite de la caricature, ses cadrages et ses mouvements, sans cesse changeants, rythment à merveille un récit dopé à la méchanceté.
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Faire de « Rocambole » des épisodes de 48 pages, c’est une aberration.
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Faire de « Rocambole » des épisodes de 48 pages, c’est une aberration.
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