Rocco et la toison
« Evite les villes et aussi la foule ; méfie-toi », lui intime son oncle, alors que Rocco est sur le point de partir (enfin) à l’aventure. Le jeune homme ne respire que pour conter des histoires à ses semblables. Il s’est formé à cet art à l’université, et doit, un an durant, « parfaire [s]a vocation lors d’un long voyage d’apprentissage ». Voilà posée la trame principale de Rocco et la toison, fresque fantaisiste de Vincent Vanoli. L’auteur de Max et Charly ou L’Oeil de la nuit trousse un personnage naïf et tendre, parfait Candide lancé sur les routes dans un Moyen-Âge obscurantiste et menaçant — la Peste rôde, bien sûr.
Au départ perpétuellement (ou presque) ravi, Rocco trouve la campagne belle, les gens accueillants. « Je me sens comme un idiot innocent », lance-t-il, pas tout à fait dupe de lui-même. Il parvient à raconter l’histoire de deux oisillons enfermés, mais devient rapidement auditeur de ses interlocuteurs, qui semblent avoir bien plus de choses à transmettre que lui. Obsédé par les textos (!) qu’il doit (et parvient à) envoyer à « [s]on tonton et [s]a tata », notre héros s’aguerrit au contact du fat Andreuccio, et découvre une mystérieuse toison, gardée par une gente dame…
L’auteur embarque son lecteur dans des péripéties inattendues, très improbables. Inspirée des enluminures médiévales, sa construction graphique use de cercles, de vagues, de nappes, pour faire avancer l’action. Son trait charbonneux, largement hachuré, garde une belle lisibilité malgré sa complexité. Une aventure ironique et finement palpitante.
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