Roi Charbon
Un colosse blanc émerge de la neige, marche sur les crêtes, et chute. Un freluquet noir le récupère, le réchauffe dans sa grotte, tente de lui redonner goût à la vie. En vain. Même s’il multiplie les efforts, et invente des formes, des traits, des lignes, des jeux de lumière et de contraste. En vain. Mais l’art ne s’arrête pas aux destins individuels, et la farce tragique de l’humanité survit aux chutes des éphémères Terriens.
Voilà un album à la facture très classieuse, couverture velouté d’un noir profond, marquage argenté mettant en valeur la ligne claire si expressive de Max. Mais autant l’écrin est attirant, autant le contenu est hermétique. Difficile en effet de saisir les tenants et aboutissants du récit (mais y a-t-il vraiment récit?) de l’auteur espagnol né en 1956. Même si certaines références littéraires et picturales se font jour ici ou là, il semble que Roi Charbon soit davantage un objet curieux pour érudits qu’une bande dessinée expérimentale à l’audace formelle excitante. Si on sourit devant quelques facéties graphiques du personnage principal, et l’apparition de gravures et de drôles de machines succédant aux fresques rupestres, sa quête picturale et philosophique est trop souvent insondable. D’un noir de charbon.
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