Rosalie Blum #3 ****
Par Camille Jourdy. Actes Sud, 18 €, mai 2009.
Tout commence par Une impression de déjà-vu (titre du tome 1) que ressent Vincent, coiffeur trentenaire en passe de se faire larguer et donc, plutôt déprimé, lorsqu’il croise une épicière aux yeux tristes dénommée Rosalie Blum. Pour une raison qu’il ne s’explique pas lui-même, il décide de la filer nuit et jour. L’épisode suivant – Haut les mains, peau de lapin ! – voyait l’arroseur arrosé : Rosalie se sent suivie et confie à sa nièce Aude (rêveuse un peu glandeuse en quête du prince charmant et d’une révélation quant à son avenir professionnel) le soin d’espionner à son tour ce type bizarre qui ne la lâche pas d’un pouce. Entre ces trois personnages qui s’observent, comme aimantés par leurs solitudes respectives, la rencontre était inévitable et se produit dans Au hasard Balthazar !, troisième et dernier tome de la trilogie. Il faudra toutefois attendre la scène finale pour découvrir le secret de Rosalie Blum, dévoilé avec une subtilité magnifique. Mais à ce stade, vous en savez déjà trop…
Ainsi s’achève l’épopée ordinaire et palpitante de trois adultes moroses à l’aube d’une nouvelle vie, débutée en 2007 par la jeune Camille Jourdy (Séraphine ou le charme incertain, Une araignée, des tagliatelles et au lit…). Quelques grammes de folie douce saupoudrés avec humour sur les détails insignifiants du quotidien ont suffit à dissiper la mélancolie qui planait sur les premières cases, et l’histoire décolle justement parce qu’il ne se passe rien…
Grâce à un dessin romantique et sucré, superbement coloré (encre de chine et aquarelle) et à un sens très sûr de la narration (que ceux qui avait flairé le dénouement avant la fin se manifestent), l’auteure balade ses lecteurs sans jamais s’essouffler, jonglant avec les points de vue et distillant minutieusement les indices. Trois albums plein de promesses, tenues jusqu’à la dernière page. Effet anti-dépresseur garanti.
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