Rosario
La cité de Rosario, début des années 30. L’équivalent argentin de Chicago. Sans Al Capone, mais pas loin. En effet, la ville est gangrenée par le crime et la corruption, aux mains du mafieux italien Don Chicho et de son ambitieuse fille, et d’un truand juif gérant la prostitution. En face, l’administration et la police comptent les coups, et empochent les enveloppes. Au milieu, Rogelio, un violoniste emprunté, tente de surnager, guidé par son coup de foudre pour Raquelita, prostituée qui disparaît du jour au lendemain. Pour la retrouver, il va se lier avec les groupes anarchistes…
Entre polar, histoire d’amour tragique et document politique, Rosario se pose comme le portrait d’une ville déliquescente, déchirée par la misère et la répression politique, terreau fertile pour la criminalité. Riche, glacial et puissant, le récit imaginé par le grand Carlos Sampayo – complice de toujours de José Munoz – immerge le lecteur dans une ambiance poisseuse et désespérée, par l’utilisation d’une voix off omniprésente et un rythme narratif très littéraire – ne vous attendez pas à beaucoup d’action. Le dessin de l’Italien Claudio Stassi (Brancaccio, Pour la vie, C’est pour ça que je m’appelle Giovanni) répond admirablement à ce texte dense, par son haut niveau de détails et sa mise en couleurs extrêmement soignée, toute en nuances. Un beau duo d’auteurs pour un album exigeant et atypique, chronique funèbre d’un univers criminel vivant ses derniers jours.
Publiez un commentaire