Rouen par cent chemins différents
Manu vient de se faire plaquer par sa copine. Pas facile de remonter la pente pour ce bibliothécaire qui dessine la nuit et travaille le jour. Alors il décide de casser la routine en arpentant sa ville, Rouen, au gré de ses humeurs et de ses envies. Avec un leitmotiv : ne jamais repasser par la même rue et ne jamais fouler le même pavé. Entre imprévus et rencontres impromptues, Manu va découvrir sa ville sous un autre jour…
Très triste après sa rupture amoureuse, Emmanuel Lemaire (Rotterdam, un séjour à fleur d’eau) trouve dans le dessin et la création le moyen de dépasser l’amertume d’une histoire qu’il croyait durable. Mais son originalité, c’est aussi de faire de sa ville, Rouen, un objet de fantaisie à même d’égayer une routine usante, tissée par les trajets répétés entre son appart’ et la bibliothèque de la fac de droit. Ce sont les rencontres qui le sortent de sa torpeur ou dissipent la fatigue accumulée : un teckel fou, un punk réinséré, un vieux collègue au verbe étonnant, un rideau de CRS ou Olivier son pote libraire. La musique, elle, lui donne le courage au petit matin alors que la danse – oui, la danse – renouvelle chaque matin ses trajectoires urbaines cocasses.
Chronique d’une déception amoureuse, Rouen par cent chemins différents décrit aussi la création et ses affres avec pour décor l’image d’une ville sans cesse renouvelée, bien que coincée entre la Seine, un vieux centre historique à pans de bois et l’ouest plus moderne. Avec pour résultat une psychogéographie délicate, née d’une ambiance inédite. Chaque page, avec ses compositions calculées mais sobres, ses perspectives urbaines et ses petites astuces visuelles, invite à la flânerie pour emprunter des chemins de traverse. C’est drôle, touchant et plein d’humilité, évitant le pensum narcissique. Le trait fin et discret ajoute quant à lui une touche d’élégance bienvenue. Et si vous ressentez une impression de déjà-vu, rassurez-vous, ce ne sera qu’une impression.
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