Rouge comme la neige
Une veuve et son fils triment dans la campagne du Colorado, en cet hiver 1896. Le père est mort en servant l’armée de l’Union, la fille aînée a disparu sans laisser de trace six ans plus tôt. Mais quand ils apprennent qu’un criminel est jugé pour enlèvement d’enfant dans la ville voisine, la mère et son rejeton caressent le fol espoir qu’il sache quelque chose de leur chère Aby disparue. Ce qui sera le cas, mais la vérité sera peut-être encore plus terrible…
Avec son trait réaliste, tout en subtilité dans les visages et les regards, sa gamme chromatique extrêmement sobre dans les tons de sépia, ocre délavé et rouge sombre, ses traits rageurs de crayon et ses nombreuses trames, Christian de Metter offre un livre d’une puissance graphique rare. Son long western (110 pages) sent la terre humide, le crottin de cheval dans la neige, la sueur des hommes en fuite, le sang séché. Fort de ce parti pris visuel, l’auteur de Marylin, de l’autre côté du miroir propose une course-poursuite haletante et violente, une fuite désespérée vers un espoir mort depuis longtemps. Le côté spectaculaire du western n’est pas renié, mais verse toujours dans le glauque. Les personnages-archétypes semblent familiers mais possèdent leur part d’ombre, qui n’est révélée que peu à peu. C’est sombre, très sombre, peut-être presque trop pense-t-on quand on referme, vraiment ébranlé, ce douloureux one-shot. Mais cela vient rappeler que ce dessinateur qui avait essentiellement offert des adaptations littéraires – réussies – ces dernières années (Piège nuptial, Scarface), est aussi un auteur important de la bande dessinée contemporaine. Car il tient son propos de la première à la dernière case, avec une constance magnifique et un soin du détail rare.
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