Tara se démène depuis deux ans pour mener à bien un projet ambitieux de station balnéaire et de golf pouvant sortir Royal city de sa léthargie. Patrick est un écrivain de seconde zone, l’homme d’une œuvre qui n’arrive pas à écrire son nouveau roman. Richard est quant à lui dans une impasse, sous l’emprise de la drogue et l’alcool depuis bien trop longtemps. Ces 3 frères et sœur vont se retrouver auprès de leur père hospitalisé suite à une crise cardiaque. On verra également leur mère… et un certain Tommy, garçon aux multiples enveloppes, qui apparaît aux côtés chaque membre de la famille.

La force de ce premier tome est de présenter tous les membres de la famille dans leur singularité et leur complexité. Chaque individu ayant son parcours propre particulièrement détaillé, ses traumatismes, ses secrets et sa propre vision de ce petit enfant parti trop tôt. Car si tout commence à l’hospitalisation du patriarche, dans ce premier tome volontairement vaporeux au trait faussement maladroit, il est surtout question de la mort de Tommy, le petit frère qui hante cette famille déchirée. Ce côté fantastique de l’histoire prend de l’ampleur à mesure que le lecteur appréhende ce personnage mystérieux.

Depuis maintenant 10 ans et la publication d’Essex County, Jeff Lemire a suivi un parcours créatif riche dans la plus grande variété (Winter Road, Descender, Black Hammer…). Royal City est sa nouvelle série intimiste et indépendante en solitaire. En plaçant son récit dans une petite cité industrielle en perdition, il y pose une ambiance digne d’un Twin Peaks aux personnages à la Ken Loach. Il dessine ici une tragédie familiale qui nous emporte entre la vie, la mort, le deuil et les souvenirs.