S.O.S. Bonheur – saison 2 #1
Imaginez une société repliée sur elle-même, cloisonnée, terrifiée. Par l’autre, par les risques d’accidents ou de maladie, par son propre passé. Un monde où être petit-fils d’étranger c’est encore être étranger, et devoir obtenir un permis pour travailler et se déplacer dans la ville même où l’on est né. Un pays où ce sont les organismes de protection sociale qui, en fonction de votre contrat, vous permettent de rêver à telle ou telle filière d’étude. Un État dominé par un dogme chrétien intégriste, soumis à une Histoire révisionniste qui glorifie Hitler… Ce monde, pas toujours si éloigné du nôtre, c’est celui imaginé par Stephen Desberg dans cette nouvelle saison de S.O.S. Bonheur.
Série culte écrite par Jean Van Hamme il y a près de 30 ans, S.O.S. Bonheur présentait déjà une version exagérée de nos sociétés contemporaines, une dystopie un peu comme le fait Black Mirror sur Netflix aujourd’hui. C’est Stephen Desberg (Le Scorpion, IR$, Empire USA, Jack Wolfgang, Bagdad Inc.…) qui fait renaître le concept, en s’inspirant évidemment des faits de société plus récents. Ségrégation selon l’origine et selon le portefeuille, toute-puissance des sociétés privées obsédées par le principe de précaution et les statistiques, délégation à des cartels de la répression de la criminalité trop voyante, retour à un ordre moral strict (fin du divorce…). Un portrait glaçant d’une société moderne, d’autant plus effrayant qu’elle ressemble en de nombreux points à la nôtre. Hélas, Desberg n’est plus crédible quand il déploie un révisionnisme d’État qui nie les camps de concentration ou une milice religieuse qui traque le moindre contrevenant à chaque pas. Dommage, car dès lors que se fissure ce décor trop gros pour y croire, les faciles ficelles scénaristiques de ces histoires courtes se font jour. Et le dessin de Griffo (déjà présent sur la première saison), pas désagréable mais assez terne et pas aidé par une mise en couleurs délavée et peu subtile, ne suffit pas à faire redécoller ce volume. On est déçu, surtout que les premiers chapitres étaient prometteurs. Mais on garde un petit espoir pour la suite : Stephen Desberg devra démonter que sa vision du futur est suffisamment crédible, même si elle glace le sang.
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