Sabu et Ichi #1 ***
Par Shôtarô Ishinomori. Kana, 29 €, le 22 octobre 2010.
1 volume paru sur 4 – Série terminée au Japon.
Titres et auteurs cultes arrivent petit à petit en France pour la grande joie des lecteurs de manga. Cet automne nous apporte un gros tome de 1134 pages, reprenant les 5 premiers volumes de l’édition japonaise de Sabu & Ichi. Une histoire de 40 pages (Le Vent du Nord est comme le hennissement d’un cheval noir) avait déjà été éditée en 1979 par Atoss Takemoto et quelques autres étaient parues dans la regrettée revue Le Cri qui tue (également grâce à Takemoto). Depuis, plus aucun signe des deux comparses.
29 ans plus tard, Sabu & Ichi sont donc de retour en France! Ce sont deux hommes de main au service d’un gouverneur de province. Sabu est ce qu’on appelle un shitappiki: un informateur au service d’un détective privé. Ichi est son fidèle ami aveugle, qui l’accompagne dans toutes ses recherches et missions. Tous deux, fiers enquêteurs et combattants, font alors régner la loi dans leur petite province japonaise.
Alors oui, le scénario semble bien classique au premier abord, les enquêtes policières ont presque toutes la même trame, certaines histoires sentent le déjà-vu et quelques dénouements sont peu surprenants… Mais s’arrêter à ces remarques serait un peu facile; rappelons tout de même que le titre a déjà plus de 40 ans. Shôtarô Ishinomori est d’ailleurs considéré comme l’un des auteurs les plus influents du siècle dernier. Ancien assistant d’Osamu Tezuka, il a réalisé des dizaines de séries et a publié des centaines de milliers de planches dans de nombreux magazines. Nombre de ses mangas sont actuellement reconnus comme de grands classiques au Japon (Cyborg 009, Kamen Rider…). En France, c’est pour l’instant plus difficile! Cyborg 009 est en suspens depuis presque un an chez Glénat pour cause de mauvaises ventes…
Avec Sabu et Ichi, l’auteur montre qu’il est capable de produire de nombreuses histoires variées, de passer de l’action à l’aventure sans oublier les enquêtes policières. Il est également doué pour créer des personnages crédibles et construire petit à petit ses héros. Par exemple, la cécité d’Ichi prend de plus en plus de corps au fil du récit: de nombreuses histoires distillent des éléments clés sur ce masseur aveugle qui fait étrangement penser à Zatoichi. Le mangaka expose aussi tout son talent narratif et sa maîtrise du médium. Si les histoires courtes sont vite introduites et vite conclues, Ishinomori tisse de réelles intrigues dans ses récits plus touffus et nous tient souvent en haleine. Pour couronner le tout, le découpage est très efficace et le dessin s’améliore grandement au fil des pages. En effet, si l’influence de Tezuka est très marquée dans la première partie, le style évolue significativement dès la troisième, pour devenir plus abouti en fin de volume.
Kana étoffe son label Sensei en sortant des titres du patrimoine japonais reconnus. La plupart de ces séries étant longues, l’éditeur a fait le choix de les sortir sous forme de gros pavés (souvenez-vous du somptueux Lorsque nous vivions ensemble de Kazuo Kamimura) qui risquent d’en rebuter plus d’un. Mais il faut se lancer, Sabu & Ichi est sans aucun doute un important manga du patrimoine, et des heures de lectures vous seront nécessaires pour découvrir et apprécier cette série gorgée d’aventure. Des heures de plaisir.
Sabu to Ichi Torimonohikae © Shotaro ISHInoMORI / ISHIMORI PRODUCTION 1966 Tuttle-Mori Agency, Inc, Tokyo.
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