San-Antonio #2
Le commissaire San-Antonio et son fidèle adjoint Bérurier se retrouvent placardisés dans un tristounet bled de Bretagne. Mais rapidement, leur quotidien va devenir plus salé que la marée montante, avec une paire de cadavres frais et un phare qui explose. Vengeance? Terrorisme indépendantiste? Une intrigue aussi compliquée à démêler qu’un filet de pêche…
Comme il le dessine en postface, Michaël Sanlaville aime les aventures de San-Antonio depuis l’adolescence : ce petit goût du mauvais goût qui frisait l’interdit, ces bons mots salaces de Frédéric Dard, ces intrigues loufoques sous couvertures racoleuses… Il n’est donc pas surprenant de retrouver l’un des membres du trio auteur de Lastman aux commandes, seul, des adaptations BD de ces classiques modernes de la littérature française populaire. Mais deux problèmes se posent à lui : la verve de Dard peut-elle trouver sa place dans un récit en images ? et la vulgarité exacerbée de ses histoires est-elle digeste en bande dessinée ? Hélas, malgré les efforts déployés par Michaël Sanlaville, la double réponse se révèle négative. D’une part, les dialogues interminables et pleins de jeux de mots prennent le pas sur la construction d’un récit, qui ne fait finalement qu’empiler des séquences théâtrales lourdingues. D’autre part, la surabondance de sexe gratuit, même si le dessinateur multiplie les efforts dans l’outrance et la caricature (son dessin est quand même d’un rare dynamisme), ne fait pas rire ni n’émoustille très longtemps. Au-delà d’une misogynie d’un autre âge, cette accumulation d’humour gras et de calembours graveleux aura bien du mal à séduire au-delà du fan club de base de San-Antonio. Les autres n’iront sans doute pas au-delà des dix premières pages, ou alors achèveront la lecture écœurés ou simplement pantois devant une si vaine vulgarité.
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