Sandman : Death
Sandman est incontestablement l’une des plus grandes créations littéraires des années 90. Mais l’oeuvre-monde de Neil Gaiman peut intimider avec ses 2000 pages à la mythologie luxuriante, abordant des concepts parfois ardus dans un style très littéraire, le tout sous une forme graphique qui porte la marque de son époque. Merveilleux ouvrage que ce Sandman : Death, recueil d’histoires issues de la série toutes consacrées à un personnage secondaire, la Mort. Une porte d’entrée dérobée dans cet univers ouverte aux lecteurs hésitants, qui n’est pas de refus et particulièrement bien vue. Mort, personnage cocréé par Mike Dringenberg, n’a rien de la Faucheuse telle qu’on la connaît, mais a plutôt les traits d’une adolescente souriante au look gothique, reconnaissable à son tatouage en spirale sous l’oeil. Elle est en fait la soeur du héros, Morpheus. Au fil des parutions, elle est devenue l’un des personnages préférés des fans et, comme le soulignent les annexes de l’édition que propose Urban Comics, sa popularité fut telle à un moment qu’un abondant merchandising lui fut consacré.
Au-delà du phénomène de mode, qui doit beaucoup au flair pop et à la coolitude rock de Gaiman, ce recueil est surtout l’occasion de se souvenir ou de découvrir que le personnage est d’abord et avant tout un remarquable vecteur d’histoires. Qu’il s’agisse d’un ado suicidaire, d’une pauvre femme affligée d’immortalité ou encore d’un couple confronté à la mort d’un enfant, quand Death surgit dans leur vie, c’est moins pour en prendre une, de vie, que pour la leur changer. Car sous la plume de Gaiman, la Mort n’est pas là pour accomplir froidement sa tâche mais fait preuve d’une indécrottable empathie pour les malheureux mortels.
Parmi toutes les histoires proposées ici c’est sans doute Une vie de rêve, consacrée à deux autres figures croisées dans les pages de Sandman, Hazel et Foxgloves, qui touche le plus. Trouver Death sur leur chemin aurait pu être un drame, c’est finalement une chance pour elles et l’occasion de dialogues sublimes et de questionnements existentiels d’une profondeur rare. La marque de fabrique de Sandman, saga essentielle dans laquelle, mission accomplie, ce recueil initialement publié en 2006 chez Vertigo donne envie de se replonger. À mort.
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