Sang de Sein
Habitué des plateaux télé, l’auteur à succès Brieg Mahé a pour ambition d’écrire le roman policier parfait. Il choisit pour décor le phare d’Ar-Men sur l’île de Sein, en Bretagne. Un lieu idéal pour un huis-clos à la manière d’Agatha Christie. Il y convie cinq personnes parmi lesquelles une scénariste, un auteur de renom, un spécialiste de la créatrice d’Hercule Poirot, etc., afin que ce petit monde disserte sur l’énigme parfaite. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu, et les convives commencent à disparaître.
Nouvelle escale bretonne pour Nicoby, après Mon petit Ponant : cette fois-ci c’est le phare d’Ar-Men qui est source d’inspiration, comme ce fut le cas récemment pour son collègue Emmanuel Lepage. Tous les éléments semblent réunis pour faire de Sang de Sein une BD divertissante : un scénario qui se tient de bout en bout, une galerie de personnages et un lieu unique et mystérieux. Peine perdue. Rien ne va vraiment : le rythme est trop soutenu pour laisser le temps à l’intrigue de se diffuser, les événements s’enchaînent, non stop, jusqu’au dénouement final, sans laisser au lecteur les pauses nécessaires à tout bon livre policier. Ce rythme nuit aussi à la galerie des personnages, vite survolés, sans profondeur ni relief, une erreur majeure dans un huis clos. Enfin, l’espace est mal exploité, surtout visuellement. Ainsi, le phare n’est qu’un vague tube, alors qu’il aurait mérité que ses différentes pièces deviennent autant de terrains d’énigmes comme dans une bonne vieille partie de Cluedo. Le dessin de Nicoby, pourtant appréciable notamment dans La Revue dessinée, ne parvient pas à convaincre dans l’illustration d’une histoire noire.
Avec Sang de Sein, aucun risque qu’Agatha Christie soit détrônée de son fauteuil de reine du crime !
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