Sang noir, la catastrophe de Courrières **
Par Jean-Luc Loyer, Futuropolis, 20 €, le 7 mars 2013.
En 2008, Jean-Luc Loyer avait raconté son Enfance ch’ti ; déjà, dans cette autobiographie dure et tendre, il évoquait la difficile vie des mineurs. Toujours fidèle à sa région d’origine, il se lance aujourd’hui dans un récit ambitieux, qui lui tient visiblement à coeur : la catastrophe de Courrières, plus importante tragédie minière survenue en Europe au XXe siècle, et qui coûta la vie à 1 099 personnes.
Mais que s’est-il passé le 10 mars 1906 ? Le coup de grisou mortel aurait-il pu être évité ? Tel un documentariste, l’auteur de Sang noir remonte le fil: avec une précision extrême, il fait revivre cette France d’avant-guerre, en plein essor industriel. Grâce à un dessin semi-réaliste en noir et blanc, qui sied bien au sujet, il reconstitue avec brio la vie dans les corons et le travail dans les mines de charbon. Il n’occulte rien des défaillances du patronat (bien que clairement coupable de négligence, la compagnie de Courrières sera dégagée de toute responsabilité) et de la mort odieuse qui attend les malheureux… Il se place du côté de ces hommes sacrifiés, et n’hésite pas à retranscrire sur quatre pages leurs noms, comme pour leur offrir une dernière sépulture de papier.
Malheureusement, le lecteur n’arrive jamais vraiment à s’identifier aux personnages. D’abord parce qu’ils se ressemblent tous — malgré son talent de dessinateur, Jean-Luc Loyer peine à donner du relief aux visages. Les protagonistes sont également trop nombreux pour que l’on puisse se souvenir de leurs noms, de leur fonction, de leur âge… Des bémols qui empêchent ce beau livre documentaire d’émouvoir son audience.
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