Saru
Après Les Enfants de la Mer, Sarbacane publie à nouveau Daisuke Igarashi. L’atmosphère est toute autre, cette fois, et nous emmène au cœur d’un récit apocalyptique qui mêle les prophéties de Nostradamus à d’anciennes légendes chinoises.
On lui prête plusieurs noms, suivant les époques et les contrées. Saru, ou le « grand roy d’Angolmois », est une entité divine qui sommeille au sein de la Terre. Un gigantesque singe aux pouvoirs destructeurs, dont la chair et l’esprit ont été séparés. À l’instar d’Irène, certains humains abritent une petite partie de cet esprit sans le savoir. Elle compte parmi ceux qui se réuniront pour protéger la planète, au même titre que le moine amnésique Namgyal, l’étudiante japonaise Nana et père Candido, l’exorciste du Vatican. Leur mission : empêcher le réveil du monstre orchestré par les pratiquants de la magie noire.
Les esquisses vibrantes d’Igarashi au service d’un script de blockbuster, voilà qui promettait un résultat original. Mais la pénible linéarité du récit coupe court à notre enthousiasme… D’humeur à voyager, l’auteur nous balance systématiquement d’un lieu sacré à l’autre – une diversité culturelle certes agréable, entre Lalibela et ses églises taillées dans la roche, la Cité interdite de Pékin, la vallée du Panshir… –, comme s’il s’agissait des niveaux d’un jeu vidéo. Entre temps, il n’exploite pas assez les nombreux personnages qu’il a pris soin de rendre attachants, remplissant d’abord ses planches de paysages du monde et de récits mythologiques. Passée la moitié du livre, Igarashi se mue en Roland Emmerich (Independence Day, 2012) du neuvième art, donnant la part belle à des séquences catastrophes qui, malgré une véritable énergie, n’ont pas l’impact qu’aurait pu créer un dessinateur plus coutumier du genre… Reste un bel objet qui se referme sans grand plaisir, au terme de 450 pages aussi dépaysantes qu’ennuyeuses.
© 2010 Daisuke Igarashi / Shogakukan
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