Par Carlos Nine. Les Rêveurs, 25 €, le 18 mars 2009.

Prenez un canard un peu anar, mais surtout obsédé par la gent féminine (vachette, poulette, porcinette). Placez-le dans un monde à l’allure de tableau surréaliste, entre De Chirico et les vieux dessins animés Looney Tunes. Laissez-le entre les mains du génie argentin Carlos Nine (Pampa, Fantagas…). Et vous obtenez une oeuvre délirante, politiquement incorrecte et surtout hautement sexuelle.

Ce petit bijou de bande dessinée a été publié en France en 2000 par Albin Michel, dans un petit format intitulé Le Canard qui aimait les poules, aujourd’hui épuisé. Les Rêveurs s’en sont emparé et le publient aujourd’hui dans un majestueux grand format. Encore mieux, l’auteur a redessiné la moitié des histoires courtes qui composent cet ouvrage! Alors, que vous ayez déjà fait connaissance avec ce canard séducteur ou que vous le croisiez pour la première fois, sautez-lui dessus!

Au-delà des intrigues relativement simples et souvent construites sur le même schéma (Saubón erre, tombe sur une femme en mal d’amour, lui en donne à foison, se bat avec le mari et finit ivre mort dans un bar), c’est l’époustouflant dessin de Carlos Nine qui fascine. Avec un trait tantôt limpide, tantôt ondulant, il détourne l’imagerie classique de la BD animalière, pour en faire une sorte de poème graphique où tout peut arriver. Il n’est d’ailleurs pas rare que ses cases frisent l’abstraction, tant les corps de ses personnages se déforment, s’entrelacent, se mélangent. Parfois violentes, souvent très érotiques, toujours absurdes, les histoires de Saubón se dégustent avec une jouissance un peu coupable et un désir d’en lire encore tout à fait insatiable.

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