Sauvage
En 1731, dans le village de Songy, dans la Marne, on découvre une enfant sauvage. Hirsute, noire de crasse, la brune gamine a un comportement animal et se délecte de viande crue. Recueillie par des religieuses, elle va rapidement démontrer une capacité d’adaptation hors du commun et finir par devenir une femme pieuse et lettrée. Et son passé d’Amérindienne arrachée à sa terre va peu à peu resurgir…
Véritable biographie de Marie-Angélique Le Blanc, morte en 1775, ce gros album propose sa version d’une histoire qui fit grand bruit à l’époque, celle de la sauvagesse de Songy. Et de sa « résurrection intellectuelle », c’est-à-dire la façon dont elle a pu ré-acquérir le langage et les gestes de la vie civilisée, après des années passées à survivre tel un animal en forêt, avec une compagne d’infortune. S’inspirant de recherches poussées et d’un ouvrage référence de Serge Arole, les auteurs comblent les trous de l’histoire avec talent et humilité, dressant le portrait d’une femme hors du commun. Une survivante, une femme avide de liberté mais tourmentée par la perte de la mémoire de ses origines. Le ton est juste, la démarche est sobre et l’album se lit avec le plaisir d’une belle découverte. Car c’est aussi une belle découverte graphique que ce premier album dessiné par Gaëlle Hersent, formée notamment au cinéma d’animation. Son trait énergique et expressif, son talent évident pour le découpage et les cadrages efficaces et une jolie maîtrise des couleurs impressionnent. Mais jamais dans la démonstration gratuite, toujours au service de l’histoire. Bravo !
À noter que Gaëlle Hersent et la scénariste Aurélie Bévière, dont c’est aussi la première BD, ont tenu un blog relatant leurs recherches pour Sauvage, à consulter ici.
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