Comment vivre sa vie de femme libérée en 2016, et survivre aux nouveaux questionnements sur le couple, la GPA, le divorce, les sites de rencontre… ? Catherine Meurisse prend le sujet à bras le corps dans le très drôle Scènes de la vie hormonale.

Après la brillante fantaisie Moderne Olympia et le douloureux La Légèreté (écrit après les attentats qui ont coûté la vie à ses collègues de Charlie Hebdo), l’auteure adopte un ton entre Les Frustrés de Bretécher et un album de Reiser, la modernité en plus. Il y est donc beaucoup question de cul, mais aussi de tweets, de perturbateurs endocriniens, de la famille, de la manie de tout voir à l’aune de la psychanalyse et de relations amoureuses décevantes. Le format — une planche/une histoire — et le trait sont efficaces, quelques taches rouges et roses suffisent à dynamiser le noir et blanc.

On pourrait reprocher à l’auteur de n’imaginer que des hommes petits et un peu minables, mais elle ne rate pas les femmes, souvent cyniques et perturbées par leurs contradictions. Le plus stimulant là-dedans est la capacité de l’album à exploser les tabous, du langage notamment, et à évoquer des femmes qui ne sont pas des victimes (voir la jouissive planche sur le harcèlement de rue). Contre la mièvrerie de certains débats actuels sur les relations hommes/femmes, cet ouvrage est un remède de cheval.