Séducteurs de rue
Sacha, vingt ans et des brouettes, est un A.F.C. ou « average frustrated chump », un « mec frustré de base ». Niveau séduction, il rame, lourdement… Est du genre à s’emmêler les pinceaux quand une fille lui plaît, à transpirer, dire des choses idiotes et réagir comme il ne faudrait pas. Après un énième « râteau », il décide de se prendre en main et s’inscrit dans un drôle de club, qui promet de faire de lui un « artiste » de la drague. Au contact du bellâtre Jaguar, il apprend les règles du « game » (le jeu de la séduction), imagine des « openers » (des « phrases toutes faites pour entrer en contact »), maîtrise le « fluff » (un « blabla badin » pour « rassurer la fille sur vous et récolter des informations sur elle »), pratique le « kino » (« toucher sa cible mais avec les mains, le corps »), etc…
Le sujet de la sociologue Mélanie Gourarier, que Léon Maret transpose en bande dessinée, est fascinant et glaçant : comment des hommes se regroupent pour se donner confiance, établissent leur but (mener une chasse à la femme), et usent de techniques de manipulation pour obtenir des faveurs sexuelles. Finissant par oublier tout sentiment, en dehors de celui de leur supposée supériorité, dans la manoeuvre. Mise en scène dans un style graphique rapide et simple, clairement lisible, l’étude finit toutefois par lasser un peu son lecteur : les scènes de dragues sont répétitives et, surtout, on se perd dans un vocable trop spécifique, émaillé d’acronymes barbares (ce malgré un petit lexique en fin d’ouvrage). Un biais ironique — mais pas trop, pour ne pas tomber dans la moquerie pure — allège toutefois la démonstration. Qui laisse pantois…
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