Sélection BD érotiques #14
Petite sélection estivale de livres plus ou moins torrides, plus ou moins récents, dans des styles différents. Car le sexe en BD ne se limite pas aux séries cucul seulement prétextes à scènes d’orgies, voici une présentation de grands classiques réédités, d’art-books un peu chauds et de digressions auteuristes autour de la chose. Bonne lecture !
Anita
La collection Erotix des éditions Delcourt poursuit son exploration du patrimoine des grands maîtres du genre, et Guido Crepax en particulier. Après Emmanuelle, La Vénus à la fourrure, ou Histoire d’O, voici l’intégrale d’Anita. Une héroïne née dans les années 1970 qui souffre d’un mal étrange : elle est obsédée par les écrans de toutes sortes, qui la plonge dans des transes orgasmiques. Une idée scénaristique saugrenue et maligne, assez en avance sur son temps, et qui donne quelques scènes évoquant, avec dix ans d’avance, Le Déclic de Manara. On retrouve le goût et le talent de Crepax pour les compositions audacieuses, jouant sur l’horizontalité et les lignes graciles. L’intégrale propose aussi des histoires en couleurs, plus rares chez Crepax (et aussi moins époustouflantes), ainsi qu’un récit inédit de 85 pages. Indispensable pour les amateurs du maître italien.
Delcourt, 22,95 €.
Pin-up Wings #4
Romain Hugault dessine super bien les avions. Et ce qu’il dessine quasiment aussi bien, ce sont les jolies brunes à forte poitrine. Pour les amateurs des deux catégories, enfin surtout de la seconde, les éditions Paquet proposent un 4e recueil d’illustrations autour de la thématique de la pin-up. C’est flashy, léché, ultra sexy. Très cliché aussi, et carrément vulgaire par moments. Mais Romain Hugault n’est pas dupe de cet exercice de style, et se donne à fond, reproduisant des poses typiques des publicités américaines des années 1940-1950, en les poussant un peu, c’est-à-dire en arrondissant les fesses et les seins et en les affublant de lingerie une taille trop petite. En consommant à petites doses – pour ne pas s’écœurer – cette avalanche de jolis sourires et de ce qui va avec, difficile de ne pas fondre. Chaud devant !
Paquet, 14 €.
Fesse
Guillaume Chauchat, qui sortira le tome 3 du très original Il se passe des choses à la rentrée, a publié l’automne dernier chez 2024 un drôle de petit livre, minimaliste et charnel, sobrement intitulé Fesse. Ou un recueil de calligrammes et de photos de sculptures en fil de fer, coquins et franchement érotiques. Car l’auteur diplômé des Arts déco de Strasbourg est un as dans la manipulation du fil de fer, comme il l’a montré lors d’une expo à Angoulême. Fesse, donc, propose d’une part des silhouettes féminines ou des situations dessinées en utilisant uniquement des lettres calligraphiées, un calligramme donc, composant des mots (émotion, galipette, fellation…) qu’il faudra s’amuser à déchiffrer. Et d’autre part, de jolies photos en noir et blanc de femmes de fil de fer, aux formes rebondies et aux positions équivoques. Un petit album de poche d’une singulière élégance.
Éditions 2024, 7 €.
Chaiko
Les éditions Paquet proposent un artbook consacré à l’illustrateur chinois Chaiko, dessinateur pour la série La Chronique des immortels et auteur notamment de La Fille de Shanghai et du très chaud La Porte de Jade. Peu de dessins érotiques voire de nus ici, mais tout de même quelques pages sensuelles et des portraits de femmes à la beauté troublante. Dans un style réaliste précis et sensoriel, distant sans être tout à fait froid, Chaiko démontre une virtuosité impressionnante. Et ses demoiselles possèdent une forte personnalité graphique, loin des clichés et des poses lascives mille fois vues. À découvrir.
Paquet, 29 €.
Druuna
Excellente idée de Glénat de rééditer un des plus grands classiques de la bande dessinée érotique, Druuna, série créée au milieu des années 1980 par l’Italien Paolo Eleuteri Serpieri. L’histoire d’une brune sculpturale tentant de survivre dans un futur post-apocalyptique, où les humains sont peu à peu contaminés par un mal étrange, qui les transforme en monstres à tentacules dégoulinants. Druuna n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à se servir de sa plastique avantageuse pour s’en sortir, même si de nombreux hommes et créatures ne cessent d’abuser d’elle. Portée par un dessin réaliste, un peu daté mais toujours puissant, la série ne vole pas forcément toujours très haut mais reste une aventure sombre et violente, parfois très chaude, agréable à lire et se pose comme un classique incontournable. Deux tomes de l’intégrale (rassemblant les 4 premiers volumes de la série) sont déjà sortis, et un troisième arrive en septembre. Et une nouveauté est venue s’ajouter à l’ensemble : Anima, variation muette et solaire, presque moebiusienne, autour de l’univers de Druuna (planche ci-dessous).
Glénat, 19,50 € le volume.
Fuc(k)
Alors, contrairement à ce que son titre pourrait suggérer, ce petit volume paru il y a plus de 14 ans (oui, il nous arrive d’exhumer des choses singulières) n’est pas une BD érotique, mais une forme d’essai intime sur le sentiment amoureux et les relations entre hommes et femmes. Un peu de tendresse dans un monde en rut en somme. Fuc(k) est composé d’abord de Fuc 1997, une série de petites histoires de l’auteur californien Ron Rege Jr qui met en scène un jeune homme en proie à mille interrogations dans ses relations avec les femmes qui l’entourent. Doute, énervement, impatience, insatisfaction, trouille maladive, son petit personnage à la tête ronde passe par toutes les émotions, au fil d’historiettes aux mise en page inventives. La seconde partie, Boys, écrite par Joan Reidy et toujours dessiné par Ron Rege Jr, est le pendant féminin de la première : une succession d’anecdotes sensuelles et sexuelles de sa vie de fille et de femme, entre baisers sous les gradins de la salle de basket, pelotage au cinéma et fellation brutale. C’est juste, jamais obscène, parfois touchant. L’ensemble forme donc une petite bande dessinée atypique, à découvrir.
B.ü.l.b Comix, 21 CHF.
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