Sélection BD érotiques #18
Oui, il fait froid, très froid. Heureusement, BoDoï pense à vous et vous offre une sélection de bande dessinées érotiques à même de vous réchauffer. Humour, fantasme, cordelettes et gros costauds. De la chaleur humaine pour tous les goûts !
La Décharge mentale
Après le délicieusement borderline Les Melons de la colère, Bastien Vivès remet le couvert avec un nouvel opus de la collection BD Cul des Requins Marteaux. Et le résultat n’est pas moins étonnant ! L’auteur de Lastman se situe à nouveau dans le cadre familial et joue à choquer en mettant en scène des protagonistes mineures ou à peine majeure. En l’occurrence, trois filles (du CM2 à la terminale), menée par leur plantureuse et dévouée maman, qui sont aux petits soins avec leur moustachu papa. Comme avec l’invité de passage, Michel (et son « très très gros zizi »). Parodie de série télé familiale américaine, ce petit volume joue la caricature de la misogynie de ces programmes à fond, avec des passages très chauds, d’autres volontiers crados, d’autres simplement cocasses (l’auteur a décidément un truc avec les dialogues décalés). Et le trait plus rond et rigolard que d’habitude chez Vivès permet de prendre l’album pour ce qu’il est, une bonne grosse pochade coquine. Pas très fin mais efficace. Et drôle.
Par Bastien Vivès. Les Requins Marteaux, coll. BD Cul, 14€.
Giovanissima #4
On ne lasse pas de ces histoires courtes, légères et amusantes, ces petits bouts de comédie érotiques jouant avec des fantasmes classiques : fétichisme, homosexualité, voyeurisme, domination… De son trait réaliste d’une grande classe, Giovanna Casotto met en scène son alter ego dans différentes situations et différents registres (comédie fantastique, polar…), mais toujours en position de force. On se délecte de ces historiettes très chaudes, où les mâles sont des idiots et les femmes pleines d’idées saugrenues et excitantes. C’est beau, c’est drôle, c’est intemporel : Giovanissima, c’est de la bande dessinée érotique classique de très bon niveau. Pourquoi bouder son plaisir?
Par Giovanna Casotto. Dynamite, 18 €.
Phantasia
Issues des hors-série du magazine L’Immanquable, les cinq histoires courtes de ce recueil redonnent un petit coup de jeune aux récits érotiques. Surtout par le trait de Lilian Coquillaud (découvert avec Les Peuples oubliés, chez Bao), lâché et griffonné, aux couleurs chatoyantes, évoquant les débuts du label KSTR, où démarrèrent Singelin, Vivès, Cadène… Dans les thèmes, c’est plus classique, mais tout à fait efficace. Tournant autour de la question du fantasme, ces récits prennent parfois des atours fantastiques bienvenus, mais tentent toujours de coller à l’air du temps, dans la présentation des relations entre les personnages. Voyageur trop solitaire, jolie célibataire frustrée matée par un voisin qui ne l’est pas moins, coup de foudre secret entre deux filles, défi de drague sur le web… Des choix modernes sans être gratuits, et qui offrent de jolies possibilités scénaristiques. Voilà donc un album érotique qui sort des sentiers battus, et ça fait du bien.
Par Lilian Coquillaud. Tapages nocturnes, 15,50 €.
Petites morts (et autres fragments du chaos)
Après l’intégrale Ranx , la version illustrée et trash des Fleurs du mal de Baudelaire ou un beau livre de dessins et d’illustrations, Glénat poursuit la publication des travaux de Tanino Liberatore, avec un volume compilant de nombreuses histoires courtes couvrant toute sa carrière. Des embryons de BD jamais poursuivies, dans lesquelles l’auteur italien cherchait son style – on sent l’influence de de l’air du temps, Moebius et Manara notamment. Des pages parues dans la presse subversive italienne des années 1970-80, feuilletons policiers humoristiques ou délires SF. Et puis, bien sûr, des histoires à fort caractère érotique, volontiers trash, toujours dans une vulgarité et une violence assumées. C’est ce qui fait la personnalité de Liberatore : un trait virtuose, musclé et audacieux, une assez haute opinion de lui-même (à découvrir dans les petits textes introductifs aux histoires) et un goût permanent pour la provocation. On retrouve ainsi, notamment, des collaborations avec Stefano Tamburini (co-créateur de Ranx), Alain Chabat, Tonino Benacquista, Georges Wolinski et même une histoire inédite écrite par Jean-David Morvan, qui se déroule au Japon. Un beau volume, pour les aficionados de Liberatore.
Par Tanino Liberatore. Glénat, 264 p., 35 €.
Les Soumises – Séances de dressage
Tout est dans le titre, ou presque. Xavier Duvet, spécialiste de la bande dessinée érotique et notamment des diverses tendances BDSM (Le Journal d’une soubrette, Discipline, Féminisation…), propose ici l’histoire d’Evora et son esclave Delphine, qui vivent une relation de domination en apparence épanouissante – et qui implique parfois des hommes ou d’autres copines dominatrices). Le parti pris est assumé, les séquences vont assez loin, cela ne plaira certainement pas à tout le monde. Mais ce qui impressionne le plus, c’est le dessin, réaliste et détaillé, aux postures complexes, aux visages expressifs, dont l’encrage pas toujours très net participe à l’atmosphère sulfureuse de l’ensemble. D’ailleurs un cahier graphique montrant des crayonnés et esquisses de planches vient apporter un peu plus de plaisir des yeux. Et ce qui est intéressant, enfin, c’est que l’auteur a dessiné une autre version de cette histoire (disponible sur son site), avec « un soumis féminisé par une belle transsexuelle d’âge mur ». Insatiable.
Par Xavier Duvet. Tabou, 20 €.
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