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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 22, 2024















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Sélection beaux livres et rééditions

17 juin 2022 |

Et si on s’offrait un gros pavé avant l’été ? Ou un recueil d’illustrations pour voyager ou rire, depuis son fauteuil, sans bouger ? Voici une petite sélection d’ouvrages parus cette année, qui valent le détour.

carbone-et-silicium-orCarbone & Silicium – édition or noir

On ne présente plus le chef d’oeuvre de Mathieu Bablet, Carbone & Silicium, perle de science-fiction philosophique et histoire d’amour robotique. Lauréat du Prix BD Fnac France Inter 2021, l’album ressort ce printemps dans une version noir et blanc… et or. Ainsi, les quelques séquences montrant l’intense vie des protagonistes dans le réseau (qui sont des intelligences artificielles, faut-il le rappeler), présentées comme des errances dans des architectures vertigineuses se muant en volutes organiques, sont imprimés en noir et or. L’effet est saisissant, contrastant magnifiquement avec les planches en noir en blanc, au trait puissant mais au travail minimaliste sur les ombres, car les effets de lumière étaient vraiment apportés par la couleur. Quoi qu’il en soit, le principe de cette bichromie fonctionne, surtout dans cette édition soignée par Ankama, avec son dos toilé et son beau papier. Une belle façon de découvrir ou de redécouvrir une des plus belles bandes dessinées de SF de la décennie.

Par Mathieu Bablet. Ankama/Label 619, 272 p., 44,90 €.

Nord Sud

Alors que le Festival d’Angoulême rendait hommage à Christophe Blain à travers une grande exposition rétrospective, les éditions Casterman ont réédité deux anciens carnets de voyage dans une classieuse intégrale à l’italienne. Carnet polaire (1997) était le fruit d’une immersion de six semaines de l’auteur dans la base scientifique française Dumont-d’Urville en Antarctique. Carnet de Lettonie (2005) a été réalisé lors de deux invitations par le festival Étonnante Lettonie. Méthodes de travail et points de vue varient forcément entre les deux, mais la réunion de ces beaux dessins muets d’observation, dans un volume au très beau papier, permet de véritablement vivre un voyage dans ces terres froides. « J’ai découvert (…) que je pouvais dessiner avec de gros gants », commente Christophe Blain dans les intéressantes notes de l’ouvrage, dans lesquelles il détaille les conditions de création des dessins, le choix des techniques, etc. Ports industriels, forêts paisibles, silhouettes d’habitants croquées dans la rue, forment le corpus de Lettonie. Machines complexes et gros engins, banquise et oiseaux parfois, bateaux et scientifiques reclus dans des bases plus ou moins chaleureuses, forment celui du périple polaire. Une invitation au voyage, qui rafraîchira idéalement en période de canicule.

Par Christophe Blain. Casterman, 128 p., 30 €.

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Retenez-nous ou on fera un malheur

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Poutine, Trump, l’épidémie de Covid-19, les fanatismes religieux, l’extrême-droite à la française, Macron, Le Pen et les réseaux sociaux… Voilà un aperçu du menu roboratif et jouissif de ce recueil de dessins de Willem, immense dessinateur de presse, Grand Prix d’Angoulême en 2013, et qui a annoncé sa retraite de Libération en 2021, pour ses 80 ans. Trait incisif, puissance de l’évocation, influence du surréalisme et goût pour la provocation, on retrouve dans ce chouette recueil de dessins récents parus dans Charlie Hebdo et Libé tout ce qui fait le talent de Willem. Avec un rire à l’arrière-goût amer : il y a des situations, des tendances, des dictateurs et des discours politiques qui ne changent pas, voire empirent, mois après mois, année après année… Et c’est bien là la force du dessin de presse : saisir l’immédiat avec la distance critique nécessaire, pour qu’on puisse retourner le voir et constater l’angoissant immobilisme.

Par Willem. Les Requins Marteaux, 200 p., 18,50 €.

Journal

Immense oeuvre des années 90 et jalon essentiel dans le genre de l’autobiographie en bande dessinée, Journal de Fabrice Neaud est enfin réédité, 20 ans après la publication de son 4e et dernier tome chez feu Ego comme X. Pour l’occasion, Delcourt a regroupé les deux premiers volumes en un, laissé le copieux 3e seul, et rééditera le 4e en septembre, toujours des formats plus grands qu’à l’origine. L’année 2023 verra la suite du Journal démarrer, un cycle de 4 albums intitulés Le Dernier Sergent qui couvrira les années 1998-2002. Bien plus qu’un plate et linéaire autobiographie, Journal est une oeuvre profonde et engagée, autant un regard sans concession de l’auteur dans son miroir fendu (il est beaucoup question d’histoires d’amour déçues, et de dépression) que sa vision d’une société de la violence et de la précarisation. Benoît Peeters, dans la préface à cette nouvelle édition, l’écrit fort justement : « S’affranchissant de son sujet apparent – le quotidien d’un jeune artiste homosexuel dans une petite ville de province – le Journal ne s’interdit rien : ni les métaphores, ni l’abstraction, ni les longs dialogues, ni les dérives silencieuses. Tenant du récit, du poème, de l’essai, sa forme s’invente page après page. » Le tout dans un noir et blanc réaliste impressionnant, jamais raide ni figé. Ni daté, même plus de 20 après. À (re)découvrir.

Par Fabrice Neaud. Delcourt. T1, 200 p., 22,95 € ; T2, 424 p., 34,95 €.

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