Sélection Comics – 100 Bullets
La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. On ouvre ce mois-ci le mystérieux attaché-case de 100 Bullets, polar hardboiled et thriller de longue haleine, signé Brian Azzarello et Eduardo, réédité par Urban Comics.
Et vous, que feriez vous? Quand le mystérieux agent Graves débarque dans votre vie, tout est affaire de choix. Cornélien. Dans l’attaché-case qu’il vous remet avant de disparaître : un dossier très complet sur les responsables de tous vos malheurs, un flingue et 100 balles intraçables, pour se faire justice soi-même sans risque d’être inquiété par la justice. A prendre ou à laisser.
Imparable idée de départ que celle de 100 Bullets, qu’ont remarquablement su exploiter pendant près de 10 ans le scénariste Brian Azzarello (First Wave) et le dessinateur Eduardo Risso (Point de rupture). Débutée en 1999, la série fut l’une des plus longues publiées chez Vertigo, avec en tout 100 épisodes signés à quatre mains. Acquisition du catalogue DC oblige, Urban Comics en relance la publication à partir du volume 1, Première Salve, sous reliure cartonnée. Cette ressortie est – tout à fait dans l’esprit de la série –, une précieuse seconde chance offerte aux lecteurs français qui auraient loupé le coche de cet excellent thriller. Les autres peuvent, eux, se jeter sur le 15e volume que sort Panini Comics, l’ancien détenteur des droits.
Précision utile, Première salve est une excellente BD qui se suffit à elle-même et ne revient pas obligatoirement à signer un bail pour 5 ans avec son libraire. A ses débuts, 100 Bullets se concevait d’ailleurs avant tout comme un recueil d’histoires indépendantes où l’agent Graves n’aurait servi que de fil rouge. La première à recevoir sa visite est une jeune latina à peine sortie de prison nommée Dizzy. Son mari et leur enfant, lui apprend Graves, sont morts sous les balles de flics véreux, et non celles de membres d’un gang comme elle le pensait. Dans ce même volume, Graves rendra aussi visite à Lee Dolan, un pauvre type mis sur la paille par de fausses accusations de pédophilie. Deux destins tragiques, dans des univers très différents.
Reste que devant une telle introduction, rares seront ceux qui choisiront d’en rester là – on en fait le pari. Azzarello et Risso excellent à planter un univers hardboiled chatoyant, tout en bouges miteux et coupe-gorges, dans lequel évoluent poivrots au bout du rouleau, petites frappes en quête de réputation, malabars au coup de poing facile et jolies pépées manipulatrices… Les dialogues claquent comme des baffes, trouvant une jolie poésie dans toutes les formes d’argot que compte l’Amérique, et le beau trait cartoon de Risso offre un intéressant contraste avec la noirceur du propos, un peu à la manière d’un Tim Sale sur Batman.
Surtout, ce premier recueil laisse par toutes petites touches entrevoir les possibilités narratives offertes par l’univers de 100 Bullets. Les auteurs décidèrent ainsi bien vite de creuser l’histoire de l’agent Graves et de le placer au centre d’une vaste conspiration type XIII (à noter d’ailleurs que ce même nombre, en chiffres romains, joue un rôle important dans la machination). Tout est connecté et quelqu’un tire les ficelles, dit-on à Dizzy au détour d’une page. Une fois sa décision prise d’utiliser ou non le contenu du fameux attaché-case, ce beau personnage de jeune femme tête brûlée n’en aura d’ailleurs pas fini avec Graves et compagnie. Mais pour connaître le fin mot de cette histoire, il faudra accepter de signer ce fameux bail long-terme avec son libraire. Cornélien, le choix. Cornélien.
Guillaume Regourd
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100 Bullets #1-2.
Par Eduardo Risso et Brian Azzarello.
Urban Comics, 17,50 €, mars 2012.
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C’est une bonne BD policière, je vais lui donner sa chance. Vous auriez pu préciser que Risso avait travaillé auparavant pour le marché français, notamment avec Fulu chez Glénat!
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C’est une bonne BD policière, je vais lui donner sa chance. Vous auriez pu préciser que Risso avait travaillé auparavant pour le marché français, notamment avec Fulu chez Glénat!
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