Sélection Comics – Fables
La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom ce mois-ci sur une série de longue haleine sélectionnée au 40e Festival d’Angoulême: Fables.
De films réinventant Blanche-Neige en princesse guerrière, en séries télé revisitant l’univers des frères Grimm à la sauce policière, les contes de fées ont la cote, jusqu’à l’overdose. Il était une fois une époque où l’idée paraissait vraiment neuve. Nous sommes en 2002. Bill Willingham se pose une question toute simple, donc imparable : et si les personnages de conte que nous connaissons tous vivaient en secret parmi nous ?
Ainsi naît Fables, titre-phare de l’éditeur Vertigo, toujours en cours de publication aux Etats-Unis. Sa réédition en France entamée par Urban Comics vient à point nommé rappeler l’importance pop-culturelle de la série. Et permet de se replonger dans les origines de Fableville, communauté de personnages de contes installés du côté de New York après que l’inquiétant Adversaire les a contraints à s’exiler de leurs Royaumes imaginaires.
Les fidèles de la série télé Once upon a time (diffusée en ce moment sur M6) ne seront pas dépaysés et pour cause, Disney qui la produit, ne s’est pas gêné pour se servir dans l’œuvre de Willingham. En laissant toutefois soigneusement de côté l’insolence dont ne s’est jamais départi l’auteur vis-à-vis du matériau d’origine. Or, c’est exactement là que réside tout l’intérêt de Fables. Comme par exemple apprendre que le Prince Charmant est en réalité un vrai coureur, croulant sous les pensions alimentaires à force de divorces avec à peu près toutes les princesses du répertoire classique! Ou que Boucle d’Or a viré pasionaria gauchiste, portée sur les actions commando.
Willingham s’amuse comme un petit fou et, en un peu plus d’une décennie de parution régulière, il a eu le temps d’étoffer cet univers comme rarement dans le monde des comics adultes, le déclinant sous une multitude de formats entre hors-série (le très beau 1001 nuits de neige), romans illustrés et même plusieurs spin-off (dont le plus connu, Jack of Fables). L’ensemble n’a pas la sophistication, ni la puissance émotionnelle et poétique du Sandman de Neil Gaiman, l’autre grande fantaisie littéraire au long cours de Vertigo. Fables est en revanche nettement plus accessible, avec ses clins d’œil ludiques au patrimoine littéraire le plus universellement partagé qui soit. Force est de s’incliner devant la richesse de ce Meccano assemblé par Willingham en y incorporant, numéro après numéro, tout ce que le folklore mondial comporte de figures emblématiques (et, accessoirement, libres de droit).
Quitte à s’essouffler parfois, entre arcs narratifs mollassons et pannes d’inspiration du côté des dessinateurs, quand d’autres sont depuis venus démontrer sur le propre terrain de Fables qu’ils pouvaient faire preuve d’autant sinon plus de créativité. On pense en particulier à Mike Carey et son passionnant The Unwritten.
Reste une foisonnante aventure riche en surprises, jamais prétentieuse, qui a aussi pour mérite d’avoir engendré une époustouflante collection de couvertures signées du numéro 1 à 75 par le seul et même James Jean. Un chef d’œuvre en soi.
Guillaume Regourd
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Fables (série en cours)
Par Bill Willingham et différents dessinateurs (Craig Hamilton, SteveLeialoha, Lan Medina, Mark Buckingham…).
Urban Comics, T. 5 et 6 en décembre 2012, 15 €.
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