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Sélection Comics – Pretty Deadly

24 août 2015 |

pretty_deadly_couvLa Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom sur un début de série impressionnant, un western fantasy noir réalisé par trois femmes : Pretty Deadly.

Faire endosser à la Mort les habits d’un pistolero de western est décidément à la mode. Après le Saint des Tueurs de Preacher ou le cavalier blafard de East of West, revoilà dans Pretty Deadly la Faucheuse, ou plutôt sa fille, en adepte du six-coup. Ginny, comme s’appelle la demoiselle, visage émacié tel un crâne et regard perçant sous son chapeau volé à Lee Van Cleef, est lancée pour le compte de son géniteur (chez les anglo-saxons, la Mort est souvent un homme) aux trousses d’un vieil aveugle et d’une petite fille vêtue d’une cape en plumes de vautour. Pour quelle raison ? Mieux vaut laisser cette histoire livrer elle-même ses secrets, même si le principal tour de force de Pretty Deadly n’est pas de savoir surprendre par des coups de théâtre mais bien plutôt d’entremêler avec grâce les formes de narration pour aboutir à une sorte de récit total assez unique.

pretty_deadly_regardKelly Sue DeConnick et Emma Rios ne se contentent pas de mêler western et fantasy noire. Elles font tout à la fois bifurquer leur saga du côté du conte et de la fable (via un duo de narrateurs exquis), de l’estampe pour les compositions uniques à chaque page et même de l’opéra pour la musicalité des dialogues et l’harmonie entre le texte, sublime, et le dessin. Graphiquement, l’Espagnole Emma Rios penche plutôt du côté western européen dessiné (Tex, Blueberry et le Gus de Blain qu’elle cite en référence) et filmé (le découpage à la Sergio Leone avec gros plans et très gros plans en inserts). Mais elle hybride aussi tout cela d’une énergie plus américaine sous influence Paul Pope et emprunte également au manga. N’oublions pas le travail de la décidément omniprésente Jordie Bellaire (Manhattan Projects, Nowhere Men) qui, par son utilisation subtile des couleurs, apporte un peu d’ordre dans le bouillonnement créatif de ses deux partenaires et dans le chaos semé par l’ange exterminateur Ginny.

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pretty_deadly_decorLe résultat, virtuose, est bluffant de cohérence. Mais au-delà de cette maîtrise technique, c’est le souffle de l’épopée qui fait de Pretty Deadly un grand album. Cette quête sanglante, pour âpre qu’elle est, laisse régulièrement affleurer de l’humanité : les personnages ont beau ressortir du mythe, camper des fonctions, ils conservent chacun une personnalité affirmée et des attitudes crédibles. Même la Mort n’est pas étrangère au romantisme. Après plus d’un an de hiatus créatif – pour se laisser le temps de bien faire, dixit DeConnick –, ce premier volume s’apprête à accueillir une suite. Excellente nouvelle.

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Pretty Deadly #1.
Par Emma Rios et Kelly Sue DeConnick.
Glénat Comics, 15,95 €, juin 2015.

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