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Sélection Comics – Projets Manhattan

22 mai 2013 |

La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom ce mois-ci sur le premier tome d’une série de science-fiction détonnante mais pas idiote: Projets Manhattan, par Jonathan Hickman et Nick Pitarra.

selection_comics_manhattan_couvÀ Albert Einstein, la science-fiction reconnaissante. De ses travaux comme de sa personnalité, le genre n’a eu de cesse de s’inspirer pour modeler encore et encore depuis plus de six décennies la figure centrale du génie scientifique. Et au passage, son pendant plus ou moins dégénéré : le non-moins incontournable savant fou. Peu d’auteurs avaient toutefois poussé l’hommage jusqu’à faire du physicien le personnage central d’un récit. Et personne n’avait jamais osé l’honorer d’une manière aussi tordue que l’Américain Jonathan Hickman.

Attachez votre ceinture à bord de la DeLorean qu’est son Projets Manhattan, destination : 1942. Cette année-là, Einstein œuvre déjà dans le plus grand secret à mettre au point la plus inimaginable des inventions du XXe siècle : la bombe H, qui naîtra de la réflexion commune des plus grands cerveaux de l’époque. Désignée sous le nom de code Projet Manhattan, l’opération a depuis été déclassifiée et est entrée dans les manuels scolaires. Mais, se demande Hickman, et s’il ne s’agissait-là que d’une infime partie de la vérité ? Comme le suggère le pluriel du titre de sa BD, la bombe H pourrait n’avoir été paradoxalement qu’une couverture pour des expériences encore moins avouables.

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D’un tel postulat dystopique, l’auteur aurait pu choisir de tirer une réflexion sévère sur les dangers de la science s’aventurant autant du côté de la hard SF que de la conspiration à la X-Files. Le dessin de Nick Pitarra dissipe assez vite tout malentendu : ses compositions chargées, son trait outrancier judicieusement comparé dans la presse américaine à celui de Geof Darrow (dessinateur du Hard boiled de Frank Miller ou de Shaolin Cowboy), ses approximations aussi (les proportions, aïe…), sont à l’unisson d’une narration débridée. selection_comics_manhattan_image1Projets Manhattan ne fait pas dans la dentelle : on s’y castagne avec des robots samouraïs, on y parlemente à l’arme de destruction massive avec des aliens belliqueux, on y ouvre des portails vers des mondes parallèles

Le plus amusant, c’est le traitement super-héroïque façon « Ligue des scientifiques extraordinaires » réservé aux grands cerveaux réunis par le Projet Manhattan. Y participa historiquement la crème des chercheurs du Monde Libre. Mais aussi, c’est avéré, celle du régime nazi qu’allèrent débaucher les États-Unis. Le plus célèbre d’entre eux, Wernher von Braun, devient ici un sociopathe pourvu d’un bras mécanique. La palme du taré revient à l’Américain Robert Oppenheimer, dont le génie n’a d’égal que les accès de sauvagerie qui le saisissent ponctuellement en véritable Hannibal Lecter des laboratoires. Quant à Einstein, alcoolo à l’humeur sombre, il est le loup solitaire de la bande.

C’est à lui que sont dédiés les quelques passages moins épileptiques du récit. Et à travers lui que se dessine une réflexion pas si convenue sur les implications morales du progrès scientifique, bel et bien esquissée en définitive. Le Einstein qui tira la langue au photographe Arthur Sasse pour un cliché appelé à entrer dans la postérité aurait, qui sait, peut-être bien ri à la lecture de ce Projets Manhattan hautement cathartique.

Guillaume Regourd

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Projets Manhattan #1.
Par Nick Pitarra et Jonathan Hickman.
Delcourt, 15,50 €, mars 2013.

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