La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Avec cette fois une série de fantasy urbaine peuplée de guerriers et de démons, très distrayante, portée par deux protégés de Mike Mignola : Rumble.

Faire se croiser univers fantasy et monde réel contemporain est à la mode, et pas seulement dans la littérature « jeune adulte » friande de romances entre humains et vampires/loups-garous/démons/fées/etc. Dans les comics, le twist qui consiste à faire surgir dans notre quotidien des elfes, des dragons et des guerriers à grosse épée, peut donner de belles choses à l’image de la très réussie Birthright. C’est également le cas dans Rumble.

Dans un style moins proche du Conan de Frank Frazetta, beaucoup plus cartoon, cette série de chez Image téléporte un guerrier légendaire nommé Rathraq, venu d’un monde en proie à une lutte entre dieux et démons, dans une ville d’aujourd’hui à la poursuite de démons se la coulant douce parmi les humains. Détail qui a son importance Rathraq, victime d’une malédiction, a été réincarné de force dans le corps fragile d’un épouvantail. Plus vulnérable, il n’en reste pas moins toujours redoutable armé d’une gigantesque lame.

Les démons qu’il a fait vœu d’éradiquer sont aussi retors que grotesques. Et, pour certains, un peu pathétiques, planqués parmi les hommes en menant des existences sans histoire sous des déguisements de fortune : un chat à sa mémère ou un vieillard qui élève une mini-hydre comme si c’était un caniche. On se croirait un peu dans Men in Black, et c’est vrai que Rumble ne se prend pas au sérieux.

John Arcudi a soigné les seconds rôles comiques à l’image de Del, sidekick humain pas très malin avec lequel Rathraq se retrouve à faire équipe. Le dessin tout en rondeurs de James Harren fait le reste, bien aidé par le beau boulot à la couleur de Dave Stewart, star de la discipline couronné de nombreux Eisner Awards, notamment pour son travail avec Mike Mignola.

Arcudi et Harren (comme Stewart) ont d’ailleurs travaillé sur les spin-off d’Hellboy, BPRD et Abe Sapien. Ils ont retenu de leur collaboration avec Mike Mignola des leçons sur le découpage : Rumble est rondement mené, les séquences s’enchaînent avec beaucoup de fluidité, sans s’éterniser inutilement. Le dosage entre scènes d’exposition, comédie et bastons est parfait. Pour le dire simplement, la série compense largement son manque d’originalité par une belle maîtrise d’ensemble et un souci permanent d’être divertissante.

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Rumble #1-2.
Par John Arcudi et James Harren.
Glénat Comics, 15?95 €, 2016.

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