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Sélection Comics – Swamp Thing & Animal Man

28 novembre 2012 |

La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. On continue ce mois-ci l’exploration des New 52 de DC Comics, avec deux titres conçus pour se croiser : Swamp Thing et Animal Man.

swamp_couvVéritable corne d’abondance de l’édition de comics, le New 52 de DC révèle décidément des pépites à chaque nouvelle parution française chez Urban Comics. Dans l’ombre des grandes franchises super-héroïques, on aurait presque pu passer à côté du reboot de deux figures certes cultes mais secondaires de la maison : Swamp Thing et Animal Man. L’importance capitale dans l’histoire de la BD américaine de la réinvention à la fin des années 80 de la créature du marais par Alan Moore n’est plus à démontrer. Elle participa très largement à faire entrer les comics dans leur âge adulte en les ouvrant à une sensibilité littéraire toute british, ainsi qu’en les invitant à s’affranchir enfin de la censure. Mais avec son faciès monstrueux et sa colossale carcasse herbeuse, Swamp Thing n’a jamais atteint à la même popularité que les boy-scouts Superman ou Green Lantern. Et si Grant Morrison réhabilita de même Animal Man – justicier capable d’emprunter les aptitudes physiques de la faune pour, par exemple, charger avec la force d’un éléphant ou, plus subtil, afficher les réflexes d’une mouche –, il n’a jamais rivalisé avec Aquaman ou Green Arrow.

animal_couvRelancer les deux séries au sein du New 52 procède d’une intelligente stratégie. D’une part, et l’on le comprend en lisant le premier tome des aventures d’Animal Man, les deux titres sont étroitement liés. Leur mythologie commune fait coexister trois grandes forces incontrôlables se disputant la suprématie sur le monde par le biais de champions : la Sève et sa Swamp Thing pour le végétal, le Sang et Animal Man (avec une subtilité, nous y reviendrons) pour les êtres de chair, et enfin la Nécrose, incarnation de la putréfaction et de la mort. Les deux séries ont aussi en commun leur genre de rattachement : l’horreur, bien davantage que les histoires de superhéros malgré la carrière de justicier en collant d’Animal Man et de brefs caméos chez Swamp Thing de Batman et Superman. La nature de la Nécrose étant ce qu’elle est, ces sagas rivalisent de scènes gores qui les réservent à un public averti.

Preuve du sérieux avec lequel DC s’est emparé de ces deux licences, l’éditeur a confié leur destinée à deux des meilleurs auteurs du moment, mûris au sein de sa luxueuse pépinière Vertigo. Pour Swamp Thing, Scott Snyder, plume d’American Vampire aussi en charge du nouveau Batman (l’excellent La Cour des hiboux). Pour Animal Man, Jeff Lemire, l’auteur de Essex CountyMonsieur Personne et de Sweet Tooth ici en charge du seul scénario. Les deux hommes tiennent leur sujet avec brio. Snyder démontre à nouveau son talent de raconteur d’histoires et sa science du rythme pour enchaîner situations intimistes et scènes d’action spectaculaires. Sa Swamp Thing s’éloigne du golem pétri d’interrogations métaphysiques voulu par Alan Moore, sans rien renier de la complexe et passionnante histoire du personnage. Mais en laissant à Alec Holland, l’homme sous les fougères, un volume avant de devenir la créature, le lecteur a le temps de le connaître et se laisse happer d’autant plus facilement par sa prometteuse épopée. D’autant que le travail réalisé par les dessinateurs Yanick Paquette et Marco Rudy est proprement saisissant, avec leurs planches luxuriantes.

animal_famillePlus aride, mais aussi plus original, Animal Man est un drôle de pari. Lemire fait assumer au personnage son caractère de super-héros de seconde zone, gentil père de famille devenu acteur, jusqu’à cet étonnant tour pris par les choses : Buddy Baker ne sera pas, comme Alec Holland avec la Sève, choisi pour être le champion du Sang. C’est sa fille, une enfant de 5 ans, qui est l’élue, trop fragile encore pour pouvoir assumer tout de suite son statut. Animal Man en sera donc le protecteur doublement concerné. Comme dans Swamp Thing, le corps humain est ici soumis à de cauchemardesques mutations, exposées plus frontalement encore sous le trait chirurgical et franchement dérangeant de Travel Foreman. Étonnant Animal Man, donc, qui par sa singularité, se hisse au-delà du simple bonus à la passionnante série-mère Swamp Thing. Le New 52 a encore frappé. Deux fois de plus.

Guillaume Regourd

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Swamp Thing #1.
Par Yanick Paquette, Marco Rudy et Scott Snyder.
Urban Comics, 15 €, octobre 2012.

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Animal Man #1.
Par Travel Foreman et Jeff Lemire.
Urban Comics, 15 €, octobre 2012.

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