Sélection Comics – Wytches
La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom sur Wytches, série d’horreur ultra-flippante, menée d’une main de maître par Scott Snyder et Jock.
Accaparé à longueur d’année par Batman dont il est l’auteur principal chez DC depuis 2011, Scott Snyder éprouve régulièrement le besoin bien naturel de souffler entre deux aventures du Caped Crusader. Il multiplie les projets plus persos ailleurs.
Avec cette étonnante constante : là on l’attendrait sur des sujets plus légers pour souffler un peu loin de Gotham (dont il propose une des visions les plus poisseuses de l’histoire de la franchise), l’auteur choisit au contraire quasi-systématiquement le terrain de l’horreur pour s’oxygéner. Chacun son truc. Avec une prédilection chez Snyder pour le folklore et les grandes figures de croquemitaine puisqu’il a déjà revisité le vampire (American Vampire), l’ogre (Severed) et récemment la sirène (The Wake). Et le voilà qui s’attaque maintenant à la sorcière dans Wytches.
Dans cette nouvelle série, créée avec le dessinateur Jock (The Losers, Batman – Sombre reflet), Snyder rend clairement hommage à Stephen King en faisant brutalement basculer le quotidien d’une famille dans le surnaturel.
Soit un écrivain de romans jeunesse dont la fille ado a été traumatisée par la disparition d’une camarade de classe. Elle affirme avoir vu la victime enlevée en pleine nuit dans les bois par des monstres. La petite famille emménage loin pour lui permettre de refaire sa vie. Raté. Les « sorcyères » comme on les appelle en ont bien après la jeune Sailor. «Chit-Chit» font, en se rapprochant, ces goules cannibales et retorses. Brrr…
Même le bouquin refermé, on tremble encore rien que de repenser à ces prédatrices aux long bras ballants et à la gueule tordue admirablement croquées par Jock. Le premier volume de Wytches ne manque pas de scènes choc (vous ne regarderez plus jamais les vieilles souches de la même manière lors de vos balades en forêt), rehaussées par le prodigieux travail sur les couleurs de Matt Hollingsworth (Hawkeye) qui, en mêlant trames, aquarelle et palette graphique, brouille habilement la frontière entre réalité et mauvais rêve éveillé.
Mais l’angoisse se construit ici aussi dans les moments de calme, le récit montant savamment en tension au gré des révélations et des rebondissements jusqu’à un final littéralement dantesque.
Un peu plus tôt cette année, Urban Comics sortait Coffin Hill sur le même thème, avec des références communes à King, Lovecraft ou encore au Projet Blair Witch. Le résultat ne saurait être plus éloigné : en plus d’être un remarquable récit d’horreur, terrifiant et superbement mis en scène/en images, Wytches est aussi une belle histoire humaine, reposant sur une jolie relation père-fille qui sonne juste.
Scott Syder peut souffler autant qu’il le veut entre deux Batman : le résultat est rarement décevant.
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Wytches #1.
Par Jock et Scott Snyder.
Urban Comics, 10 €.
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