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Sélection Comics – Zenith

24 octobre 2016 |

zenith_couvLa Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom sur Zenith, oeuvre de jeunesse de Grant Morrison, pleine de références et d’insolence, très agréable à (re)découvrir.

Publiée en 1987 dans le célèbre magazine britannique 2000 A.D., Zenith est une œuvre de jeunesse écrite par un Grant Morrison alors tout juste âgé de 27 ans. Désireux de convaincre Marvel et DC qu’il a l’étoffe pour traverser l’Atlantique et écrire pour eux des récits de super-héros, l’Écossais, futur auteur de runs mythiques sur Batman ou les New X-Men, imagine un groupe de super-héros britanniques, le Septième Ciel. Comme il le raconte lui-même dans son essai en partie autobiographique Supergods, Morrison a bien conscience d’arriver après Alan Moore et décide de doter le projet d’une sensibilité dont il espérait qu’elle situerait « à mi-chemin de la gravité saturnienne de Watchmen et de la superficialité rafraîchissante de la pop culture des années 80 ».

 

Mission accomplie grâce au choix d’un personnage principal qui est non pas l’un des membres de Septième Ciel, mais le fils de deux d’entre eux. Le célèbre Zenith, idole des jeunes coiffé comme Morrissey, possède bien des super-pouvoirs, mais cherche moins à sauver le monde qu’à dominer les charts avec son groupe et séduire les groupies. Quand un complot impliquant nazis et divinités lovecraftiennes fait irruption dans sa vie, c’est à contrecœur qu’il se rallie aux vieux amis de feu ses parents.

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L’insolence de Zenith rejoint celle qu’affichait à l’époque Morrison, alors considéré comme l’enfant terrible de la BD anglaise, et annonce l’énergie punk de ses Invisibles (1994-2000). Le monde dans lequel se déroule la série a beau être dystopique, Zenith est très ancrée dans le quotidien d’alors des Britanniques, que le scénariste égratigne au passage. Un des personnages, le génial Peter St John, fut dans les années 60 un super-héros hippie, capable d’accéder à divers plans de réalité, même sans absorber de drogue. zenith_image2Signe des temps, cet ancien guide spirituel des Beatles a troqué le super-costume et les lunettes fumées pour le costume trois pièces : il est désormais ministre de la Défense de Thatcher…

Toutes les références pop ne nous sont plus aujourd’hui compréhensibles, mais Zenith demeure dans son ensemble très facile à lire ou relire. Dans la construction des intrigues et sa passion pour l’intertextualité, Morrison faisait déjà preuve d’une maturité hors du commun et d’une (post-)modernité qui allait faire de lui l’un des fers de lance, avec Moore et Neil Gaiman, de la british invasion appelée à révolutionner les comics US. Et le noir et blanc classieux de Steve Yeowell n’a pas pris une ride. Le premier volume, sur les deux que comptera l’intégrale publiée par Urban Comics, couvre les deux premiers cycles de la série. Un must pour les fans de Morrison, donc, mais pas que pour eux.

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Zenith #1.
Par Steve Yeowell et Grant Morrison.
Urban Comics, 19 €, septembre 2016.

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