Sélection Noël : spécial BD américaine
Notre sélection d’intégrales, rééditions ou anthologies pour vos cadeaux de Noël 2014. En provenance des États-Unis.
Eerie et Creepy présentent Bernie Wrightson
Après les intégrales Eerie et Creepie et celles consacrées au travail de Richard Corben, c’est au tour de Bernie Wrightson, un maître de l’horreur, d’être mis en avant par l’éditeur Delirium. Douze histoires ici, avec illustrations et couvertures, soit l’intégralité des scénarios écrits ou dessinés par l’auteur aux côtés de Bruce Jones. Plusieurs récits, inspirés de Lovecraft ou Poe (Le Chat Noir), marquent par le degré d’épouvante atteint et la force du graphisme, soulignée par des cadrages étudiés. Outre L’Homme qui rit, on retiendra ce qui est considéré comme le chef-d’œuvre de l’auteur : Jenifer. Où après avoir sauvé une jeune femme, muette et difforme, un chasseur subit un envoûtement charnel puis fatal. L’encrage puissant et la finesse du trait de Bernie Wrightson ont fait de ses histoires sordides, au charme effrayant, un must-have pour tout amateur d’horreur.
Delirium, 148 pages, 23 €.
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Gotham central
Succès critique mais échec commercial à sa sortie en 2003, la série Gotham Central a connu un destin étrange. Urban Comics donne une chance au public français de (re)découvrir ce très bon polar cosigné d’un maître du genre, Ed Brubaker (Criminal, Incognito, Sleeper, Velvet, Fatale), et de Greg Rucka. Soit le quotidien des flics du commissariat central de Gotham City. Mais des vrais, en chair et en os, avec leurs peines de cœur, leurs angoisses, leur fantasmes, leurs drames et déboires… Ombre gênante, Batman y fait de timides apparitions pour mieux laisser les investigations des enquêteurs avancer péniblement. En ligne de mire, un sniper fou qui terrorise la ville en shootant un par un ses plus éminentes personnalités. Plusieurs dessinateurs se succèdent pour saisir la face cachée et ordinaire de l’univers fantastique de Batman, avec des fortunes diverses mais toujours dans le ton. Aucun doute, par sa fluidité narrative, son réalisme et l’originalité de son pitch, voilà une intégrale à ne pas manquer. Frissons garantis.
Urban Comics, deux tomes, 296 pages, 22,50 €.
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Journal d’un défaitiste
Si les BD-reportages de Joe Sacco (Goradze, Palestine, Gaza 1956) vous ont marqué, l’éditeur Rackham vous permet de redécouvrir les travaux de jeunesse du maître du journalisme en BD dans un recueil intitulé Journal d’un défaitiste, qui condense histoires courtes d’une page au ton souvent satirique et récits autobiographiques plus longs. On y découvre le talent naissant d’un auteur lucide, au regard aiguisé, qui s’attache à retranscrire la réalité. Journaliste embarqué, il décrit ce qu’il voit armé d’un trait caricatural et expressif, dans la veine d’un Robert Crumb. Cultivant l’autodérision tout en prenant parti ouvertement – la limite ici de sa méthode –, l’auteur réussit finalement le plus dur : distiller l’empathie autour de ses personnages, empêtrés dans des conflits inhumains ou stupides, brocardant gentiment aussi des collègues de bureau. Entre anecdotes amusantes, souvenirs touchants et observations engagées, Journal d’un défaitiste constitue une excellente porte d’entrée à l’univers de Joe Sacco.
Rackham, 216 pages, 20 €.
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Snoopy et les Peanuts
Après une pause en 2013, la publication des intégrales Snoopy et les Peanuts a repris cette année avec deux nouveaux volumes – le 15e vient de sortir. Toujours dans un petit format à l’italienne avec jaquette, conformément à l’édition américaine de Fantagraphics, ce tome regroupe les strips et pages du dimanche des années 1979-1980. Humour visuel ou textuel, véritable poésie dessinée, regard sur l’enfance et le monde… La série de Charles Schulz est un phénomène unique dans la bande dessinée mondiale, qui dura avec une qualité égale pendant 50 ans. Le dernier volume de l’intégrale américaine (le 25e) paraîtra en 2016. Ce qui signifie qu’il nous reste encore des années de bonheur pour déguster les mésaventures quotidiennes de Charlie Brown, Snoopy et tous leurs amis. Youpi !
Dargaud, 328 pages, 32 €.
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Super-vilains Anthologie
Urban Comics poursuit son travail anthologique pour parcourir plus de 75 ans de parutions DC Comics. Avec cette fois un thème délicieusement alléchant : les méchants ! Vingt récits de 1939 à 2014, mettant en scène les grands héros de l’univers DC (Superman, Flash, Batman, Green Lantern, Wonder Woman), face à leurs plus grands ennemis, qui parfois s’associent pour faire tomber le masque aux justiciers costumés. On y croise bien sûr plusieurs fois Lex Luthor, milliardaire opposé à Superman, notamment dans une chouette histoire signée Stuart Immonen, évoquant la naissance de différents vilains (Brainiac, Cyborg, Metallo…) dans des planches rendant hommage au Little Nemo de Winsor McCay. Et le Joker, évidemment, qui fait face, non pas à Batman, mais à Superman, dans un récit Max Landis et Jock, qui s’amusent à décortiquer ce personnage de fou criminel : au fil d’un délicieux dialogue théâtral face à l’homme de fer, le clown sanguinaire, passant par tous les états et dessins de sa longue vie éditoriale, se révèle un méchant totalement incompatible dans l’univers de l’insipide Superman. Notons aussi au coeur de l’ouvrage, une histoire des New Gods de Jack Kirby, au graphisme unique et toujours aussi puissant. Un chouette ouvrage, historique et divertissant.
Urban Comics, 356 pages, 25 €.
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Krazy Kat
Pas de bon Noël sans Krazy Kat ! Depuis trois ans, Les Rêveurs publient leur intégrale de l’oeuvre immense et sans équivalent de George Herriman, dans des volumes géants (26,5 x 37 cm) et somptueux, au prix tout à fait raisonnable. Cette année, place au 3e et avant dernier volume de la collection, qui met en avant les planches en couleurs du dimanche (1935-1939). Où l’on retrouve, sous une lumière solaire éclairant d’un autre jour les décors désertiques et quasi surréalistes de la série, le lunaire chat Krazy, amoureux d’une souris qui ne fait que lui balancer des briques, et l’impayable Sergent Pupp comptant les points de ce ménage à trois non-sensique, poétique et toujours savoureux. Indispensable à toute bonne bibliothèque, l’intégrale Krazy Kat, outre une réalisation soignée (on ne le dira jamais assez), jouit d’une nouvelle traduction à la hauteur du mythe et de textes de mise en contexte toujours éclairants. Magistral.
Les Rêveurs, 272 pages, 38 €.
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