S’enfuir, récit d’un otage
En 1997, Christophe travaille dans l’humanitaire, pour l’antenne d’une ONG basée dans le Caucase. C’est sa première mission. Tout va bien, jusqu’au jour (enfin, à la nuit) où il est kidnappé par un petit groupe armé, qui va le retenir dans un appartement. Des jours, des semaines, des mois. Menotté jour et nuit à un radiateur, sans aucune autre perspective qu’un matelas à même le sol et sa portion de bouillon quotidien. Mais il faut tenir, espérer, rester digne. Et rêver à s’enfuir.
Cela faisait une quinzaine d’années que Guy Delisle pensait à la transposition de ce témoignage. Avec un défi narratif : comment raconter, sans ennuyer, des mois de captivité entre quatre murs nus, sans quasiment aucune action. Il livre enfin le résultat de cette lente maturation, avec succès. Au fil de plus de 400 pages, il dessine l’ennui, la fatigue, l’attente interminable de son anti-héros emprisonné, sans aucun contact avec l’extérieur. Un homme simple et rempli d’un optimisme impressionnant, qui parvient à trouver, dans les minuscules détails qui rompent l’irrespirable monotonie des jours qui se suivent, une raison de ne pas se laisser aller. Et les détails, c’est le point fort Guy Delisle, qui a toujours su en tirer profit dans ses récits autobiographiques (Chroniques de Jérusalem, Le Guide du mauvais père, Pyongyang…). Avec sa ligne frêle et une palette réduite de gris, il transforme le journal intérieur de Christophe en aventure immobile palpitante et touchante. Un vrai coup de maître compte tenu de la difficulté du projet.
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