Séraphine
Serait-elle née sous une bonne étoile ? Ou bien Sainte-Rita, patronne des cas désespérés, veille-t-elle sur cette gamine pas si fragile que ça ? En tout cas, Séraphine ne manque pas de lui adresser ses prières quand elle en a vraiment besoin. Car cette orpheline, recueillie par un curé compatissant et élevée par une couturière renfrognée mais juste, a parfois besoin d’un coup de pouce du destin pour grandir et mieux comprendre le monde. Et découvrir, alors que ses 13 ans viennent de sonner, qui étaient ses parents. Ils auraient participé à cette Commune de Paris que tout le monde pleure encore quinze années après, sur la butte Montmartre, mais que personne ne veut lui raconter…
Grand Boum à Blois l’an dernier, Edith poursuit son chemin dans la bande dessinée, entre classicisme et singularité, offrant ici sa ligne claire si expressive au texte de Marie Descplechin. Un roman jeunesse délicat, au fond historique et politique dense mais rendu accessible par la voix de son héroïne éponyme, gamine pleine de bon sens à défaut de culture, et remplie d’une soif de justice et de respect d’autrui inextinguible. Par ses yeux, on découvre la vie des petites gens de Montmartre d’avant le Sacré Coeur, quand c’était encore une colline pauvre et excentrée, loin du centre de Paris. Et on perçoit leur douleur, leur ressentiment, dans les mots qu’ils murmurent quand ils évoquent la répression sanglante de l’utopie fugace de la Commune. Au sein d’une narration et d’une mise en scène plutôt classique, le récit se fait très touchant, formidablement bien illuminé par les couleurs subtiles d’Edith, de jour comme de nuit. Un album rayonnant.
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