Après treize volumes chez Dupuis l’importante série ado Seuls voit son premier volume publié chez Rue de Sèvres, pour ouvrir un quatrième cycle. Après la disparition des adultes, nous avions suivi avec inquiétude le destin d’une bande d’enfants livrés à eux-mêmes, se retrouvant au fil des tomes confronté à d’autres gamins rassemblés en clans. Cependant, la révélation de leur statut d’enfant mort en purgatoire avait un peu déçu. Alors que la série avait une forte originalité, on retrouvait là une vieille recette assez banale… Mais c’est toujours des vieilles recettes qu’on fait les bons récits, et Fabien Vehlmann avait su surprendre en décrivant les luttes de pouvoir internes aux différents groupes, la manière dont le purgatoire est organisé et combien, malgré tout, la nouvelle petite bande pouvait bouleverser l’ensemble.

Le nouveau cycle entraîne une nouvelle quête, celle où la bande menée par Dodji, l’élu désigné comme seul pouvant les emmener au paradis, tente d’aider Camille à se souvenir de sa mort, survenue lors d’une mystérieuse « Nuit des anges ». Car seul ce souvenir permettra aux portes du Paradis de s’ouvrir et d’éviter que les limbes disparaissent, alors que les Premières Familles et Saul visent à reprendre le pouvoir sur Néosalem. S’en suit un album entre road trip et course poursuite, qui reconstitue le groupe d’origine.

Dans cet tome de basculement, dans le récit comme d’éditeur, les auteurs demeurent très fidèles à leurs codes. De fait, le scénario reste haletant et le dessin efficace, on bondit d’une action à l’autre jusqu’à la révélation finale. Agréable à lire, l’album sonne toutefois vraiment comme un album de transition, qui sert avant tout à annoncer une suite, et peut garder une sensation de délayage un peu frustrante. Il est logique de frustrer dans les séries à suspense, mais on attend – après un important cliffhanger – que le prochain tome offre une évolution digne d’un nouveau cycle : serait-ce le tome du nouveau monde ?