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Shanghai Red

3 mai 2021 |
SERIE
Shanghai Red
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
17.90 €
DATE DE SORTIE
21/04/2021
EAN
2378871023
Achat :

« Shanghaïer » dans le langage de la mer, c’est embarquer de force des pauvres gens à bord d’un navire et les réduire en esclavage, assignés aux basses besognes, entassés dans la cale et menacés, à la moindre rébellion, d’être débarqués à l’autre bout du monde. Red est l’une des victimes de ce trafic d’êtres humains, drogué, kidnappé et jeté sur le pont du Bellwood. Après deux ans à écumer de force les mers d’Asie, ce matelot à la chevelure écarlate voit rouge et exécute froidement tout l’équipage. Ce n’est que le début de sa croisade vengeresse : direction Portland, où tous ceux qui lui ont œuvré à lui voler ces deux années vont en faire les frais.

shanghai_red_image1L’ombre d’Alexandre Dumas plane sur ce récit de vengeance, qui en suit toutes les étapes obligées entre cape et épée, fresque en costumes et roman noir. Mais dans ce Monte-Cristo en Amérique, les genres littéraires ne sont pas les seuls à voir leurs frontières brouillées. Red poursuit également un cheminement plus intime. Né Molly, éduqué comme un garçon dans un Ouest brutal, Red a très tôt pris l’apparence d’un homme. Au départ pour défendre sa mère et sa sœur, fusil en main, puis pour subvenir à leurs besoins à tous les trois, les opportunités de travailler étant plus ouvertes pour un garçon que pour une jeune femme dans l’Amérique rustre du XIXe siècle. C’est sous le nom de Jack que Red s’est retrouvé sur le Bellwood et ainsi qu’on l’a appelé tous son temps à bord. C’est encore ainsi, en pantalon et la tignasse raccourci, que sa vengeance s’exercera.

Beau personnage, sans état d’âme lorsqu’il s’agit, façon John Wick, d’abréger la vie de ses ravisseurs, mais aux tourments intérieurs bien réels. Et cadre intéressant que ce Portland interlope, où sous la ville courent des tunnels reliant quais, bars et maisons closes. Au gré d’un travail de recherche fouillé, le scénariste Christopher Sebela convoque tout un tas de figures locales et de faits historiques qui donnent chair au récit. Se déploie une toile de fond convaincante sur laquelle le dessinateur Joshua Hixson déverse ce qu’il faut d’hémoglobine. Shanghai Red est une oeuvre âpre, violente, qui se déroule majoritairement de nuit dans de beaux à plats bleutés, mais pas non plus dénuée de percées lumineuses (les scènes entre Red et sa soeur Katie, particulièrement bien écrites). C’est sans complaisance ni jugement que ses auteurs suivent jusqu’à son dénouement la cavale meurtrière du personnage-titre, en gardant tout du long la bonne distance. Certes, l’histoire aurait gagné à être un tantinet plus ramassée mais c’est à peu près tout ce que l’on a à reprocher à cet album percutant.

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