Sherlock Fox #1
Sherlock Fox porte bien son surnom. En effet, c’est un renard, et en plus, il est commissaire de police. Luttant sans relâche contre le crime, il vient de mettre au jour un trafic de crème lissante pour toison animale. Mais ce n’est rien face à ce qui l’attend : des crimes sanglants, avec suspicion de cannibalisme… Et ce, alors même que la société animale a évolué, réfréné ses instincts et banni l’ingestion d’autrui.
JD Morvan a eu la belle idée de ne pas se contenter d’un polar animalier, prompt à séduire petits et grands. Non, il justifie la mise en scène de bêtes à poils, à plumes ou à écailles, par la création d’un univers cohérent, dans lequel chiens, zèbres et autres lapins ont acquis, outre le langage, une éducation semblable à celles des humains – dont on ne parle pas (encore?) dans ce premier tome. Le scénariste de Sillage va même assez loin, du moins dans une BD jeunesse, en évoquant le sexe entre espèces, révolution animale qui fait que le coït n’est plus réservé à la procréation – c’est bien vu et ça lui permet de souffler quelques messages de tolérance jamais superflus.
Fort donc d’un monde original et d’un rythme haletant, ce premier tome de Sherlock Fox se lit avec un vrai plaisir jusqu’au bout. La petite déception vient plutôt d’éléments de mise en scène et de choix graphiques. En effet, les séquences s’enchaînent parfois trop vite – ce qui nuit à la crédibilité – et surtout le très beau dessin du jeune Chinois Du Yu souffre de problèmes de cadrage et de précision dans l’installation de ses personnages dans les foisonnants décors. La lisibilité et la compréhension en prennent un petit coup, mais gageons que le tir sera rectifié par ce talentueux graphiste (dont c’est le premier album) dans les prochains tomes, car Sherlock Fox est clairement une série à suivre de près.
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