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Si je t’oublie, Alexandrie

19 octobre 2018 |
SERIE
Si je t'oublie, Alexandrie
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
22 €
DATE DE SORTIE
26/09/2018
EAN
2368461272
Achat :

Jérémie Dres, après être parti sur les traces de la mémoire familiale en Pologne dans Nous n’irons pas voir Auschwitz, s’attaque à un autre pan de celle-ci, réveillée par la mort de sa grand-mère. Cette fois, c’est à Alexandrie qu’il se rend, en Égypte, là où ses grands-parents ont grandi avant d’en être expulsés, puis en Israël, où ils ont atterri un temps avant de se fixer en France. Armé d’un album-photo, il s’efforce de retrouver les traces de leur passage, en même temps qu’il réalise des interviews avec les derniers représentants de la communauté juive d’Égypte.

si-je-toublie-alexandrie_image1Le récit se veut une chasse au trésor, bâtie autour de l’intime. Pourtant, après s’être longuement égaré, l’ouvrage en conclut qu’il n’y avait là ni intimité ni trésor, jusqu’à chuter finalement sur une évidence – assourdissante depuis le début – lorsque son grand-père lui dit : « Tu aurais dû me demander. » Oui, pourquoi n’a-t-il pas commencé son travail par un dialogue plus approfondi avec son aïeul, s’il voulait explorer une histoire familiale ? Mais non, il part du principe que si ses grands-parents ne parlent pas de leur passé à Alexandrie, c’est parce qu’ils l’ont occulté, « refoulé » selon ses termes, et qu’il y a là une histoire douloureuse qu’il se doit d’aller dénouer par un pèlerinage. Or, il apparaît vite que ce n’est visiblement pas le cas, et l’exercice de style est raté.

On apprend tout de même au passage des choses intéressantes, en particulier sur la population juive expulsée massivement des pays arabes après la création d’Israël. Mais l’auteur échoue à sortir de son album photo, qu’il trimbale comme une relique et qui lui sert de fil conducteur, donnant du coup au lecteur l’impression qu’il est bel et bien en train de consulter un catalogue, de noms de lieux et de personnes. Jérémie Dres ne parvient pas ici à faire revivre ce qu’étaient les pays arabes du XXe siècle, alors qu’ils étaient encore cosmopolites. On ne fait qu’effleurer les choses, et le but inavoué du livre sert in fine de prétexte à une errance assez désarticulée.

On lui reconnaît cependant qu’il parvient à traiter les conflits israélo-arabes d’une manière dépassionnée, ce qui n’est pas du tout évident. Mais ce manque de passion, dans l’ensemble, enterre d’autant plus un récit déjà singulièrement dépouillé, d’autant qu’il est moins réussi graphiquement (même si dans l’ensemble, il fonctionne très bien), plus statique, que son premier album. On peine du coup à retrouver l’intensité d’événements dramatiques, et à se laisser toucher. On a même parfois l’impression que finalement, ça ne le touche pas lui-même.

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