Simirniakov
Simirniakov est propriétaire terrien, dans la Russie de la seconde moitié du XIXe siècle. Ses moujiks suent sang et vodka pour cultiver ses terres, son bras droit les dirige avec malice tout en militant pour la création d’un syndicat. Et son fils dilapide sa fortune. Mais Simirniakov est fatigué et victime d’un pénible paradoxe : il aspire à la fois à la modernité et à la tranquillité, deux concepts qui semblent bien contradictoires…
C’est un Vincent Vanoli en grande forme qui développe ici une satire sociale et historique croustillante, inspirée par les grands romans russes. Mais dans laquelle il prend des libertés anachroniques en glissant quelques apprentis communistes dans le décor ou en faisant chanter aux personnages des airs des Beatles. Même le cheval du héros parle et tout le monde trouve ça normal ! Par ce côté fantaisiste poussé, il fait même parfois penser aux épatants Contes du Marylène d’Anne Simon (Boris l’enfant patate, La Geste d’Aglaé…). Mais on est bien chez l’auteur de Rocco et la toison ou La Chasse-galerie, qui se plaît à brosser le portrait d’hommes au visage difforme, perpétuellement dans le doute, aspirant à un ailleurs mais sans forcément savoir lequel, et butant irrémédiablement sur un destin plus grand qu’eux. Il les dessine ici dans son style gratté et charbonneux habituel, produisant des effets de neige et de fumée de toute beauté, dans des compositions de planches parfois audacieuses. Une franche réussite.
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