“Un jour je seraiii le meilleur skateur…” (air connu). Akio n’a qu’une dizaine d’années lorsqu’il tombe raide dingue de skate. Le déclic, il l’a eu en apercevant un virtuose à la dégaine étrange virevolter dans les airs, en pleine rue. “Prof” devient alors son mentor mais doit rapidement quitter le Japon. Avant de partir, il lui lègue sa planche, un peu de son savoir et, surtout, une furieuse passion pour ce sport. Les années passent et Akio, s’entraînant chaque nuit en cachette (c’est un truc de voyous, pensent sa mère et sa sœur !), se révèle de plus en plus doué…

Peut-être est-ce le seul du genre qui nous soit parvenu, mais Sk8r’s restera sûrement longtemps le meilleur manga, voire la meilleure bande dessinée de skateboard disponible ! L’évidente passion d’Hajime Tojitsuki pour la discipline vit sur papier de manière puissante et didactique. La décomposition des figures est un modèle de tempo et de clarté, nous plongeant directement dans l’explosivité et le mouvement des runs, tandis que le trait en lui-même, aéré, souple et tout simplement cool, reflète parfaitement la discipline. Au-delà de représenter ce sport, il s’agit d’appliquer le sujet au modèle classique du manga pour ados : sans surprise, quête initiatique, ascension d’un prodige et autres rivalités sont donc au programme. Mais la sobriété et le réalisme du titre s’avèrent tout à fait rafraîchissants, à une époque où les titres fantasques et sensationnalistes mènent la danse. Même s’ils n’échappent pas toujours à la caricature, Akio et son entourage se montrent attachants et, très vite, on respire au rythme de ce quotidien crédible et actuel, dont on voudrait lire la suite immédiatement. Il faudra s’armer de patience : Sk8r’s a malheureusement le défaut de paraître à un rythme lent (au Japon, seuls trois tomes sont parus depuis 2014). Il en fallait bien un !

SK8R’S © 2014 Hajime TOJITSUKI/SHOGAKUKAN