Soucoupes
Ça y est, les extraterrestres sont là. Alors qu’une délégation de scientifiques terriens a été invitée par ces gentilles créatures au scaphandre suranné à découvrir les secrets de l’univers, l’habitant lambda ne sait trop comment réagir face aux soucoupes qui stationnent au-dessus de leur tête. Surtout Christian, disquaire aigri et légèrement xénophobe, au quotidien morne entre son couple à la dérive, sa maîtresse fatiguée et sa maman sénile. Mais contre toute attente, il va se lier d’amitié avec un alien souhaitant découvrir les subtilités de la vie humaine…
Après Topless, Le Chanteur sans nom et J’aurai ta peau Dominique A, le scénariste Arnaud Le Gouëfflec signe une nouvelle excellente bande dessinée dans la collection 1000 feuilles de Glénat. Avec cette chronique de science-fiction humaine et humoristique, il dresse le portrait d’un homme peu aimable mais qui finit par être touchant et attachant. Et il rend un bel hommage au pouvoir de l’art – musique, peinture, etc. – sur la vie des humains. Fort intelligemment, il délaisse la question extraterrestre (qui sont-ils? que veulent-ils? finalement, peu importe…) pour se concentrer sur ce qui fait le sel du quotidien : un tableau chatoyant ou un solo de John Coltrane, un bon verre de vin ou un souvenir de voyage… Pour cela, il ne fait pas parler son E.T. en costume de scaphandrier, son grassouillet héros faisant les questions et les réponses, dans un monologue souvent truculent. Mais la réussite de Soucoupes ne serait pas la même sans le superbe travail d’Obion (Love Blog, Donjon…), avec des rondeurs délicieuses et un magnifique travail de couleurs vintage 50’s-60’s, parfaitement adapté à cette comédie parfois douce-amère. L’album est donc une totale réussite, humble, pleine de vie et de bonne humeur, mais pas dans la veine « feel good » niaise. Bien joué.
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