Sous la maison
La jeune Daisy vient d’arriver en ville avec ses parents et elle espère s’intégrer rapidement. Mais ce n’est pas évident. Heureusement, elle peut se confier à Jeanne-Claude, moins pimbêche que les autres filles du lycée. Et lui montrer son secret : dans la buanderie du sous-sol de la maison, au fond de la machine à laver, existe un monde plein de couleurs et de sensations, un univers unique et bienveillant. Apaisant, protecteur, libérateur. Mais que se passera-t-il si les jeunes filles vendent la mèche ?
Auteur des très étranges Et tu connaîtras l’univers et les dieux et Safari lune de miel, le Canadien Jesse Jacobs revient avec un album abouti, sans doute son meilleur traduit à ce jour, grâce aux tenaces et fidèles éditions Tanibis. Prenant un angle magique et un peu new age, il évoque le mal-être de l’adolescence – sujet hyper classique de la bande dessinée – en opposant le monde en noir et blanc des banlieues pavillonnaires au jardin secret psychédélique de Daisy, dans lequel elle préfère se cacher, quitte à perdre pied avec la réalité. Le lecteur se perd avec elle – et avec un plaisir certain – dans des pages de purs jeux graphiques sur le plan en deux dimensions, les lignes géométriques et les rebonds de couleurs. Mais, comme toujours chez Jesse Jacobs, le malaise n’est jamais loin. Car ces formes au départ accueillantes se font d’un coup grimaçantes voire menaçantes. Et difficile de ne pas penser que ce petit monde « sous la maison » pourrait être une allégorie de la toxicomanie ou de l’endoctrinement à une secte. Mais au final, peu importe : Jesse Jacobs fascine, déstabilise, use du dessin comme d’un moteur narratif puissant, où la joie et la peur se côtoient comme larrons en foire. Si, si, c’est possible. Allez donc voir Sous la maison...
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