Jeune magistrat de 30 ans, Patrice Camberou est chargé en 1999 d’instruire une affaire d’incendie : celui de la paillote « Chez Francis », située au Sud d’Ajaccio, dévastée dans la nuit du 19 avril par un acte criminel. Règlement de comptes entre nationalistes corses ? Ce serait un peu trop facile. Très rapidement le juge met en avant le rôle inattendu du GPS et ce sont trois gendarmes qui se retrouvent mis en examen. L’affaire prend alors une plus grande ampleur quand, en quête de vérité, le juge met en évidence l’implication du préfet Bonnet. Ce sont alors les plus hautes strates de l’État qui sont ébranlées.

Sur cette affaire politique française majeure de la fin du XXe siécle de par son retentissement médiatique, Patrice Camberou se confie au journaliste François Pottier pour livrer les premiers pas de son instruction et comment, malgré son peu d’expérience, il a su démêler les fils de cette enquête. Le scénario ne tombe jamais dans la facilité, se concentrant sur l’instruction, ne cédant à aucun manichéisme judiciaire, et révélant les traumatismes d’une île en proie aux règlements de comptes et encore marqué par l’assassinat du préfet Erignac, un an plus tôt.

Ce reportage dessiné met le juge Cambérou au cœur du livre de manière très pertinente. Il est servi par le dessin de Daniel Blancou – Être là, Énergies extrêmes, Être riche. Un dessin assez terne hélas, les silhouettes sont peu expressives, le réalisme peu réussi. La trichromie curieuse – bleue, noire, jaune – employée dans cet ouvrage n’aide pas à rentrer dans l’enquête. On note également une sous-exploitation de la Corse et de ses paysages, pourtant graphiquement inspirants. Dommage car l’auteur avait su séduire dans son ouvrage Retour à Saint Laurent des arabes. Une mise en image qui nuit à cette intéressante plongée dans les arcanes de la justice et de son indépendance.


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