Sous l’eau, l’obscurité ***
Par Yoon-Sun Park. Sarbacane, 19,50€, le 9 mars 2011.
Min-Sun, 8 ans, vit dans la banlieue de Séoul en Corée à la fin des années 80. Peu populaire parmi ses camarades, la fillette déteste la natation, qu’on la force à pratiquer, et où excelle sa grande soeur.
Mal à l’aise dans une société étouffante, qui exige que l’on plie l’échine et pointe du doigt sa mère – jugée trop peu présente -, elle se met à voler des chaussures et fomente quelques actions (légèrement) répréhensibles avec une gamine aussi décalée qu’elle…
Chronique douce amère d’une enfance frustrante et sous pression, Sous l’eau, l’obscurité décrit un pays où il ne fait pas bon grandir. Où la compétitivité entre mouflets est bien présente, où il faut être doué en tout, travailler de façon continue (et prendre des cours, même pendant les vacances d’été), sous peine d’être rejeté. Pour mettre en images ce récit à la première personne, Yoon-Sun Park a choisi un trait doux, caressant, aux formes mouvantes, et l’a nimbé de bleu. La forme n’adoucit pas le fond, parvenant au contraire à dénoncer habilement un sens du devoir exacerbé et des désirs niés. Un parcours enfantin glaçant, tracé avec pudeur.
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