Souvenirs de l’éternel présent ***
Par François Schuiten et Benoît Peeters. Casterman, 18 €, octobre 2009.
Dans la cité de Taxandria, on ne voit pas les femmes, qui sont enfermées dans une grotte. On ne prend pas le tram, on le pousse. On a peur de tout, mais on ne sait pas de quoi en particulier. C’est dans ce monde post-apocalyptique, aux murs en ruine, et à la population dominée par une administration absurde, que survit Aimé. Un enfant au crâne mystérieusement chauve. Le seul enfant. Un jour, Aimé trouve un livre d’images qui raconte le Grand Cataclysme qui a transformé Taxandria en un purgatoire solaire…
Si l’histoire fait un peu penser aux films de science-fiction d’il y a 30 ans, c’est parce que François Schuiten et Benoît Peeters s’inspirent du film Taxandria, du réalisateur belge Raoul Servais, oeuvre singulière et maudite, mélange de dessins (de Schuiten), d’images de synthèse et de prises de vue réelles. Influencé par les peintres Magritte et Delvaux, Taxandria est finalement sorti en 1994 après des années de travail et d’échecs, dans une version qui n’avait pas satisfait son créateur. Les auteurs des Cités obscures reprennent ici une histoire proche du synopsis original du film et livrent un beau conte surréaliste, sans doute un peu daté mais puissamment évocateur. Les grandes images pastel de Schuiten plongent le lecteur dans un monde onirique et inquiétant, le rythme du récit fonctionne comme un long rêve dont on peine à sortir. Une élégante variation autour d’un univers trop peu connu, et surtout un bel hommage à un pionnier du cinéma sur fond bleu.
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