Des bains à bulles, un sauna, des massages, une ambiance feutrée qui sent bon l’eucalyptus… Un séjour dans un spa est censé être apaisant, délassant, une petite bulle de bien-être loin de l’agitation extérieure. Le problème, ici, est que l’établissement, malgré son excellente réputation, est victime de dégâts des eaux insolubles, de la croissance exponentielle d’une sorte de moisissure épaisse, mais aussi d’une corruption endémique et de disparitions en série. Sans compter les hallucinations collectives et autres actes de violence irrationnels…

Entre un couple pourchassé par des visions récurrentes de cadavres, un manager dépassé par la mauvaise tournure des événements, un VIP pénible, des réparateurs ahuris et toute une bande de cadres en séminaire prompts à la déviance, il ne manquait plus que des monstres marécageux suintant au détour de couloirs anonymes ! Le Suédois Erik Svetoft n’épargne aucune sueur froide à son lecteur, en faisant cohabiter visions horrifiques et mise en scène raide et distanciée. Son noir et blanc fin surjoue l’inexpressivité des visages, pour mieux déployer des créatures dégoulinantes et cauchemardesques, dans une ambiance de clair-obscur permanente, juste rehaussée de dialogues en rouge. Hélas, si l’ambiance est parfaitement posée, l’intrigue tourne un peu trop sur elle-même sans paraître trouver de sens ou d’issue, à part l’éternel message sur l’horrible société de consommation qui nous consumera tous de l’intérieur. Un exercice de style visuellement puissant, mais au fond un peu vain.