Speak
Melinda, 15 ans, s’est murée dans le silence. A l’école, sa meilleure amie est devenue une ennemie. Personne ne lui parle, à part une nouvelle qui n’a pas eu vent de sa disgrâce : l’été dernier, la jeune fille a été à l’origine d’une descente de police lors d’une fête, causant des ennuis à certains de ses camarades. Avec ses parents, elle ne desserre pas davantage les dents. Crise d’adolescence classique ?
Il n’y a qu’en cours d’arts plastiques, épaulée par un prof dépressif mais généreux et percutant, que Melinda s’exprime un peu. Elle laisse entrevoir une faille, une souffrance. C’est que l’été dernier, lors de cette fameuse soirée qui vira à l’aigre, elle a été violée par un bellâtre. Qui tourne désormais autour de son ex-meilleure amie, et n’a pas même été inquiété pour le mal qu’il lui a fait…
Remarquée en 2016 avec le glaçant Dans les bois, la Canadienne Emily Carroll s’empare ici d’un roman de l’Américaine Laurie Halse Anderson. Elle le fait en noir et blanc, d’un trait sobre, sans s’appesantir sur les décors mais en explorant soigneusement la psyché de son héroïne. Elle embarque le lecteur dans un voyage intime terrible, poignant. Fouillant un trauma et ses conséquences, jusqu’à la verbalisation, enfin, et la recherche de justice. L’autrice trace le portrait juste et fort d’une adolescente détruite, en voie de reconstruction.
Publiez un commentaire